Muhamed Dicko, un des leaders de l'opposition, a appelé dimanche ses partisans au calme, renouvelant ses revendications consistant en la démission du chef de l'Etat, comme premier pas pour une sortie de crise. Des représentants des organisations régionales, continentales et internationales ont appelé dans la nuit de dimanche à lundi les parties maliennes au calme et à une solution politique, qui éviterait à ce pays de replonger dans une nouvelle crise, au lendemain des manifestations meurtrières entre vendredi et dimanche, et qui ont fait au moins 11 morts et plus d'une centaine de blessés, selon un dernier bilan. "Les représentants de la Cédéao, de l'Union africaine, de l'Union européenne et des Nations unies en République du Mali sont très préoccupés par l'évolution de la situation sociopolitique au Mali, suite au meeting du 10 juillet 2020 organisé par le M5-RFP", affirme un communiqué conjoint de ces organisation, regrettant que "des édifices publics et privés soient pris pour cible avec des violences ayant entraîné des pertes en vies humaines, de nombreux blessés et la dégradation des biens de l'Etat et des particuliers". Cette sortie intervient dans un contexte de radicalisation de la position de la coalition du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), déçue par la réponse du président Ibrahim Boubacar Keïta à leur mémorandum, exigeant des réformes profondes dans la gouvernance. L'usage d'une force disproportionnée à l'encontre des manifestants a ouvert la porte à de nombreux dérapages, de part et d'autre, provoquant des pertes en vies humaines et des dégâts importants. Si d'une part le gouvernement a invité l'opposition au dialogue, faisant aussi quelques concessions, les forces de sécurité ont procédé à l'arrestation de plusieurs leaders de l'opposition, ce qui n'est pas pour calmer la colère des manifestants à Bamako et dans d'autres villes du pays. À ce propos, "les représentants marquent leur préoccupation concernant l'arrestation des leaders du Mouvement M5-RFP, chose qui ne permet pas au dialogue prôné par le président de la République et le Premier ministre de se tenir en toute sérénité", ajoute ce communiqué, dans lequel ses auteurs "invitent donc le gouvernement à créer les conditions du dialogue politique, notamment par la libération de ces leaders". Dimanche, une importante foule a assisté aux funérailles des manifestants tués par balle entre vendredi et dimanche, observant aussi un rassemblement de soutien devant le domicile de l'imam Muhamed Dicko, un des leaders du M5-RFP, une coalition dont les rangs ne cessent de grossir depuis la première manifestation d'envergure du 5 juin dernier. Par ailleurs, les rédacteurs du communiqué de dimanche affirment qu'"ils restent persuadés que les conclusions de la récente mission ministérielle de la Cédéao posent les bases d'une solution appropriée pour un accord politique de sortie de crise, comme l'a d'ailleurs souligné le président de la République dans son dernier discours du 11 juillet 2020". Mais depuis vendredi, la donne a beaucoup changé sur le terrain, après la mort de ces onze manifestants et les concessions tardives et insuffisantes que le M5-RFP a rejetées, exigeant de nouveau la démission d'IBK et le départ de la classe politique qui le soutient.