Résumé : Houari est persuadé que Nadia voudra rester au pays pour s'occuper de sa mère. Samira ne veut plus se séparer de sa fille avec qui elle passe de bons moments. Houari les sort chaque week-end. Un jour, Radia confie à Samira qu'une fois majeure, elle partira vivre seule, car Nadia l'étouffe avec ses interdits. Elle lui demande de l'emmener au cimetière où repose sa mère... Samira attend que les filles soient couchées pour en parler à Houari, qui lisait un bouquin dans leur chambre. Il soupire et secoue la tête. - Il faudra demander à Nadia. Si le cimetière n'est pas trop loin, je n'y vois pas d'inconvénient. Cependant, Samira, il serait peut-être temps qu'elle aille rendre visite à Nadia et à sa famille. Nadia l'a adoptée et s'est comportée en bonne mère. Ce que lui fait vivre Radia, ce rejet et cette indifférence n'amèneront rien de bon. Si elle ne respecte pas et n'obéit pas à ses parents, elle risque d'être incontrôlable et prendre le mauvais chemin. - Elle a l'air équilibrée dans sa tête, la défend Samira. Je ne crois pas qu'elle... - Comme tu le dis si bien, elle a l'air, l'interrompt-il. Je ne peux pas me mêler de son éducation, mais elle a besoin qu'on lui fixe des limites. Une fois qu'elle sera hors contrôle, ce sera trop tard. -Tu exagères ! Elle est hypersensible, comme toutes les filles de son âge. Le bon psychologue que tu es sait qu'il n'en est rien. Tu ne veux pas qu'on dise que c'est de notre faute ? Parce qu'on aura été laxistes durant son séjour chez nous ? - Quoi qu'il en soit, parle-lui. Prépare-la à partir. Ce n'est pas correct de sa part de ne pas soutenir sa mère dans cette épreuve, insiste Houari. Et dis-lui qu'elle reviendra ici. Mais elle doit y aller. Ce soir-là, Samira ne parviendra pas à trouver le sommeil. S'il y a bien une personne avec qui elle ne veut pas se fâcher, c'est bien Radia. Elle a grandi dans un pays où il fait bon vivre. La jeune fille ne supportera pas de vivre dans une société où il y a beaucoup d'interdits. Un pays où on ne tolère pas qu'une femme ait envie de liberté et cherche à concrétiser ses rêves. Il y a toujours un père, un frère, un cousin ou même un voisin qui voudra la briser dans son élan. Ce n'est qu'ailleurs qu'elle peut respirer et vivre sa vie, sans crainte d'être mal vue, sans avoir de compte à rendre. Là, ce sont les vacances, Samira et Houari font leur possible pour que son séjour se passe bien et soit inoubliable dans le cœur de Radia. Ils l'ont emmenée où elle voulait et quand elle le souhaitait. Houari n'a pas tort dans le fond. Elle doit être reconnaissante envers sa famille adoptive. Elle est en âge d'apporter du réconfort à sa mère et même de la soulager de certaines corvées. Nadia s'occupait de sa mère devenue hémiplégique, et même si elle est épuisée physiquement et moralement, elle ne se plaint pas. Samira éprouve de la peine pour elles et quand elle en parle à Radia, elle la surprend par sa dureté. Elle n'en revient pas. - C'est une vieille de 90 ans. Tu ne l'as pas vue, c'est le genre à ne pas s'arrêter. Elle venait cinq mois par an, elle, ses filles et mes soi-disant cousines. À chaque fois qu'elles venaient, je n'existais plus. Il n'y avait pas de place pour moi. - Benti, tu te trompes, qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour toi ? Une mère se couperait en quatre pour son enfant. Elle donnerait même sa vie pour toi. Ne doute jamais de son amour. On peut faire des erreurs, dit Samira. Il n'y a pas de mode d'emploi pour être un bon parent, une bonne mère. Sa famille ne venait qu'une fois par an et c'était normal qu'elle s'occupe d'elle plus que d'ordinaire. Toi, tu étais chez toi. Tu faisais ce que tu voulais. Tu savais où étaient les choses. Tu pouvais sortir et revenir comme bon te semblait. Eux, ce n'étaient que des invités, insiste Samira. Radia, ta mère t'aime... - Oui, peut-être, mais je ne suis pas sa fille. Sa famille le lui rappelait souvent. Tata, je les entendais... Tu sais quoi ? J'aurais aimé que tu sois toi ma mère adoptive. - Ah! ma fille, dit-elle en soupirant, prête à lui confier la vérité, mais Houari les surprend et lui lance un regard courroucé avant de lui faire signe de le rejoindre dans leur chambre...
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