La cagnotte de 55 milliards de dollars destinée au soutien de la relance économique risque d'être dilapidée, selon le rapport de cette institution, en raison du phénomène de la corruption, de la mauvaise maîtrise des coûts et des délais pour la livraison des projets. La Banque mondiale, dans son rapport d'évaluation à mi-parcours du CAS (stratégie de coopération) en évoquant le plan quinquennal de consolidation de la croissance doté de 55 milliards, souligne que ce programme “soulève des questions sérieuses au sujet de la qualité des dépenses”. Un programme de telle ampleur, explique le rapport, soulève plusieurs défis en termes de stratégie sectorielle, de programmation de dépenses, de la gestion et de l'exécution des programmes, de surveillance et d'évaluation. La Banque mondiale évoque en fait la nécessité pour le gouvernement de s'assurer que les investissements soutiendront plus la croissance et le développement. Qu'ils ne seront pas des occasions ratées et n'alimenteront pas la corruption. “Sans parler des problèmes de procédures et de leur application, de l'ambiguïté des responsabilités entre différents niveaux du gouvernement”, la banque mondiale insiste sur le besoin d'une meilleure coordination au sein de l'administration et un contrôle plus efficace. La banque mondiale juge “les perspectives économiques de l'Algérie pour 2005 et 2006 favorables sur tous les fronts”. Le rapport constate que la situation sécuritaire s'est considérablement améliorée, impliquant le retour des populations rurales qui ont déserté leurs villages, durant la décennie du terrorisme. “Mais la persistance du chômage élevé, un manque récurrent d'eau dans beaucoup de villes et une grave crise de logement, s'ils ne sont rapidement réglés, pourront devenir des facteurs de mécontentement social”, avertit la Banque mondiale. Les évaluations de la pauvreté les plus récentes, rappelle le document, indiquent que le taux de pauvreté a diminué de 14,1% en 1995 à 12,1% en 2000. La demande de la population, explique la banque mondiale, demeure élevée non seulement en termes de croissance économique et d'emploi, mais également en termes de services de base et de meilleure gouvernance. Le rapport note que l'emballement des prix du pétrole s'est traduit en ce qui concerne l'Algérie par une accumulation “sans précédent des capitaux étrangers nets”, c'est-à-dire de devises. Les exportations d'hydrocarbures ont transformé l'Algérie en créancier net du reste du monde. Allusion au placement des importantes réserves de change à l'étranger. Le rapport explique que l'exécution du CAS, et plus largement des réformes, a été déterminée par les événements politiques, économiques et sociaux durant la période 2003 -2004. La Banque mondiale estime que les progrès diffèrent d'un secteur à un autre. Les résultats sont significatifs dans les secteurs des télécommunications et de l'énergie, juge-t-elle. Alors qu'en matière de privatisations des entreprises publiques et des réformes du secteur financier, les avancées sont limitées. “L'exécution des réformes économiques pendant 2003-2004 a cependant été plus lente que prévue, la demande des services de la banque mondiale a été également réduite”, explique le document. Tout en soulignant les progrès réalisés ces dernières années dans la mise en place d'une économie de marché, le rapport de la banque mondiale affirme tout de même que beaucoup reste à faire en termes d'exécution rapide des réformes nécessaires pour une croissance soutenue et durable. C'est que la croissance, du point de vue de la banque mondiale, continue à dépendre des hydrocarbures, et le pays demeure vulnérable aux chocs pétroliers. Du coup, l'Algérie doit consolider et renforcer la stabilité macroéconomique, diversifier l'économie et augmenter la productivité. La croissance hors hydrocarbures, note le document, est essentiellement tirée par les dépenses publiques. L'investissement privé est en croissance, mais l'environnement reste encore problématique, affirme la banque mondiale. Le document qualifie l'adoption de la loi sur les hydrocarbures en mars 2005 “d'événement majeur”. Cette loi, explique la banque mondiale, changera radicalement la structure du secteur des hydrocarbures. Le document évoque le retard dans le processus de privatisation en précisant qu'une nouvelle impulsion a été donnée au processus depuis le dernier trimestre 2004. le rapport rappelle que le secteur financier a été secoué par l'échec en mai 2003 de Khalifa Bank, suivi dans un délai de deux années de la liquidation de deux autres banques privées. Sur ce chapitre, le document estime que le cadre normatif est relativement sain. Le problème était dans l'application de la réglementation. MEziane Rabhi