Les premières évaluations chiffrent à plusieurs milliards de dinars les pertes subies par l'économie et les entreprises, des suites de la crise sanitaire. La commission de sauvegarde, qui aura pour mission l'évaluation de l'impact de la crise sanitaire sur l'économie algérienne, a été officiellement installée hier, lors d'une rencontre à l'hôtel El-Aurassi à Alger, ayant regroupé le gouvernement avec les partenaires sociaux et les opérateurs économiques. Cette réunion s'est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement, des représentants des organisations patronales et des associations professionnelles, de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) et du Conseil national économique et social (Cnes). L'installation de cette commission intervient en application des instructions du président de la République qu'il avait adressées au gouvernement, lors du Conseil des ministres du dimanche 12 juillet. Lors de la rencontre d'hier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a indiqué : "Notre mission, en tant que travailleurs, patronat et membres du gouvernement, consiste dans le cadre de cette commission, à évaluer les incidences de la pandémie de Covid-19, tant sur le plan économique que social, à déboucher sur des recommandations adéquates et à prendre les décisions complémentaires nécessaires pour protéger l'emploi et les capacités de production, fortement impactés par la plus grave crise sanitaire que notre pays a connue depuis l'indépendance." Pour le Premier ministre, il s'agit là d'une nouvelle démarche qui tranche avec le passé et qui vise à rétablir la confiance entre le gouvernement et les opérateurs économiques. Lors de cette rencontre, les différents intervenants se sont tous axés sur la situation dramatique de l'économie nationale qui, en plus d'avoir subi les dérives de la gestion passée, se trouve confrontée aux effets de la pandémie de Covid-19. Si tous adhèrent à la démarche proposée, leurs attentes restent grandes. À l'issue des débats, un groupe de travail a été mis en place pour établir un rapport synthétisant les travaux de la rencontre. Ce groupe de travail est composé du président du Conseil national économique et social (Cnes), Reda Tir, en sa qualité de président, du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective, Mohamed-Cherif Benmihoub en sa qualité de rapporteur, ainsi que des représentants des ministères des Finances, de l'Industrie, de l'Agriculture et du Développement rural, de l'Habitat et de l'Urbanisme, du Commerce, des Travaux publics et des Transports, du Tourisme, de l'Artisanat, du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, auxquels s'ajoutent six représentants des syndicats des travailleurs et six autres représentants des syndicats du patronat. Le timing semble très serré pour l'élaboration du rapport d'évaluation, surtout qu'il se doit d'englober les différents secteurs économiques, touchés par la crise sanitaire. Toutefois, la commission disposera, en plus du rapport de synthèse des travaux de la rencontre, de celui du comité interministériel sur l'atténuation de l'impact de la pandémie de coronavirus. Grand préjudice pour les entreprises Un rapport a été présenté hier par le ministre des Finances, Ayman Benabderrahmane, faisant ressortir que les secteurs les plus touchés par cette épidémie, sont le transport des personnes ; la restauration, le tourisme et l'hôtellerie ; le commerce et les professions artisanales. L'annulation des vols a coûté 16,3 milliards de dinars à la compagnie nationale Air Algérie. L'estimation des pertes à fin 2020 s'élève à 35 milliards de dinars. L'annulation du transport maritime a entraîné, pour les filiales de transport maritime Cnan Nord et Cnan Med, des pertes de chiffres d'affaires de 90 millions de dinars à fin mai. Le manque à gagner pour Sonatrach se chiffre, lui, à 247 millions de dinars (du 15 mars au 31 mai derniers). Il est de 6,5 milliards pour Sonelgaz et de 20 milliards pour Naftal. Le secteur privé n'est pas en reste. L'exemple des opérateurs de transport routier de personnes relevant du secteur privé, y compris les chauffeurs de taxis, est édifiant. Les mesures annoncées Les effets négatifs de la pandémie sur tous les secteurs d'activité, tels que confirmés par tous les participants au groupe de travail interministériel, sont d'une telle ampleur que cela soulève l'épineuse question de la définition d'un ordre de priorité dans leur prise en charge. Les contours du dispositif d'urgence, en faveur des entreprises et de leurs travailleurs affectés, intègrent des mesures fiscales et parafiscales à travers la suspension des charges patronales, durant la période liée à la pandémie. Est proposé également l'accompagnement des entreprises par les banques par l'octroi de prêts bancaires à taux bonifiés, l'exonération des intérêts durant une période de 6 mois et la facilitation des procédures d'accès aux crédits d'exploitation au profit des entreprises au cas par cas, avec un taux d'intérêt de 0%. Au chapitre du soutien à la relance économique, le rapport évoque la création d'un fonds pour venir en aide aux petites entreprises en difficulté. Il est aussi question d'assurer la célérité dans le paiement des factures et créances détenues par les entreprises au titre des différents exercices. Est prévu, en outre, l'octroi des subventions aux entreprises activant dans des domaines stratégiques afin d'augmenter leurs capacités de production.