Les 50 000 agents recenseurs, qui seront déployés sur le terrain, interrogeront les ménages sur 150 points d'intérêts. Le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) aurait dû décliner ses résultats à la fin de l'année 2018. Un concours de circonstances a différé son exécution à l'automne prochain. Le projet qui a d'abord souffert d'un arbitrage défavorable sur son budget prévisionnel en 2015 (finalement, 5 milliards de dinars ont été alloués à l'opération), a été gelé en 2016 par manque de ressources financières, puis bloqué à cause de la conjoncture politique confuse et complexe. Hormis les statistiques collectées annuellement par l'ONS sur les registres de l'état civil (nombre des naissances, des décès et des mariages) auprès du ministère de la Justice (divorces), le pays ne dispose pas d'informations affinées sur la population, depuis le dernier recensement général de 2008. "Après le recensement de 2008, il a été avancé que l'Algérie allait passer à une période intercensitaire quinquennale. C'est-à-dire que le RGPH était prévu initialement pour 2013", rapporte Nassereddine Hamouda, économiste et statisticien signalant, dans le sillage, que ce n'est pas la première fois que l'opération est retardée et par conséquent "une période intercensitaire décennale n'est pas respectée. Je vous rappelle les dates des différents RGPH : 1966, 1977, 1987, 1998 et 2008. Des conjonctures particulières peuvent expliquer chaque retard observé". Il n'en demeure pas moins qu'en douze ans, des événements majeurs (distribution de logements, hausse des salaires, faiblesses de l'offre sur le marché du travail...) ont induit des mutations significatives dans le comportement des Algériens, plus enclins à se marier, à faire des enfants et à changer de lieux de résidence. Un recensement général de la population donnera les éléments clés pour comprendre son évolution. "Le chef de l'Etat a donné instruction, début 2020, de faire aboutir rapidement le projet. La crise sanitaire a bousculé, toutefois, le calendrier. Nous avons bouclé la phase de préparation, nous devrons exécuter l'opération en automne, probablement en octobre", informe Tarik Bouzergue, administrateur des affaires courantes à l'ONS (le poste de directeur général est vacant depuis le mois d'avril dernier). 50 000 agents recenseurs, 10 000 contrôleurs, 2 600 délégués communaux et 71 superviseurs à l'échelle d'une wilaya, seront déployés sur le terrain, pendant quinze jours. "Nous travaillons sur un seuil de confiance de l'ordre de 95%, sinon, la fiabilité de l'opération sera entachée", précise notre interlocuteur. La marge de 5% d'erreurs inclut l'absence des ménages lors des passages des recenseurs, les variations et la transcription d'informations erronées. Le questionnaire, pas encore validé par le Comité national de la population, comporte approximativement 150 questions sur la taille des ménages, l'âge, le type d'habitation, le niveau d'instruction, le type de diplôme, le handicap, les sources de revenus... L'objectif est de constituer une base de sondage actualisée pour quasiment tous les ministères. Une surexploitation inefficiente du RGPH, au regard de M. Hamouda, statisticien. "Chaque secteur veut inclure ses propres questionnements. Ce qui alourdit le travail de collecte et d'exploitation des données et allonge les délais liés à la disponibilité des statistiques". Il cite l'exemple des données sur l'emploi, le chômage et la migration internationale, fournies par le dernier recensement de 2008, mais restées inexploitées.