Diplômée des Beaux-Arts d'Alger (option décoration) en 1971, Leïla Ferhat avait représenté l'Algérie dans plusieurs manifestations internationales au cours desquelles elle avait obtenu plusieurs distinctions. La doyenne des artistes plasticiens algériens, Leïla Ferhat, s'en est allée mardi à l'âge de 81 ans. Elle rejoint ainsi Mahdjoub Ben Bella, Amar Allalouche et Ahmed Stambouli, tous les trois décédés en l'espace d'un mois. Ceux qui l'ont côtoyée et connue gardent d'elle l'image d'une femme au grand cœur, aimée de tous. "Je l'ai connue il y a dix ans, quand je l'ai exposée dans ma galerie d'art Lotus avec d'autres artistes aussi prestigieux", se rappelle Moussa Mediene, galeriste, qui témoigne de la "grande sensibilité et d'une grande humilité" de l'artiste peintre. "Généreuse de cœur, elle est restée en retrait malgré le succès qu'elle a eu", ajoute-t-il. Moussa Mediene affirme qu'elle est "pratiquement l'égale de Baya", la classant parmi les monuments de la peinture algérienne Issiakhem, Khadda ou encore Martinez. "C'était notre deuxième mère", dira d'elle Mahmoud Taleb, galeriste et artiste peintre oranais qui regrette "une véritable perte pour l'Algérie". Il lui reconnaît "des valeurs humaines" et sa défense des artistes algériens. Pour illustrer ces valeurs, il raconte une scène à laquelle il a assisté quand un artiste assez connu a parlé en mal d'un autre artiste qui débutait. "Elle s'est interposée énergiquement, lui rappelant les bonnes manières." Son style figuratif portait sa marque et on pouvait reconnaître ses toiles au premier regard, précise-t-il. "J'ai eu l'honneur d'exposer avec elle à Oran", se souvient Belmekki Mourad, artiste peintre, qui indique qu'un hommage avait été rendu de son vivant à l'artiste à la galerie Civ-œil. "Elle s'est retirée depuis longtemps, elle ne produisait plus", ajoute-t-il. À propos de son style, il le dépeint comme "particulier, une peinture occidentale avec des sujets du terroir. Elle était marquée par le constructivisme, un courant artistique". Sa dernière apparition publique remonte à l'ouverture du Musée de l'art moderne d'Oran (Mamo). Pour rappel, Leïla Ferhat est née en 1939 à Mascara, elle est diplômée des Beaux-Arts d'Alger (option décoration) en 1971. Elle avait représenté l'Algérie dans plusieurs manifestations au cours desquelles elle avait obtenu plusieurs distinctions, dont la médaille d'or au Salon international de Riom (France) en 1980 et la médaille d'or à Puy en Velay (France), et avant cela le premier prix de peinture au vernissage organisé par le Comité des fêtes de la ville d'Alger en 1977. Ses travaux ont été exposés au Maghreb, en Europe, dans les pays du Golfe, en Amérique latine et au Canada. SAID OUSSAD