À l'occasion de la dernière rencontre qui a eu lieu mardi entre les archs et le Chef du gouvernement, Belaïd Abrika et ses camarades ont reçu l'assurance d'Ahmed Ouyahia que tamazight sera officialisé. Cependant, les délais et les modalités de mise en œuvre de cette officialisation n'ont pas été précisés. D'aucuns auront noté la coïncidence du dernier round de dialogue mardi dernier entre le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, la délégation des archs conduite par Belaïd Abrika et le passage du président de la république dimanche prochain à Tizi Ouzou pour y animer un meeting dans le cadre de la campagne pour le référendum sur la paix et la réconciliation nationale. Certains y voient la programmation voulue des deux événements, le premier devant servir à la préparation du second. Le contenu quasi politique des entretiens entre le chef de l'Exécutif et le groupe de Abrika donne foi à ce genre de spéculations. Les commentaires les plus optimistes font état d'une probable annonce par Abdelaziz Bouteflika de l'officialisation de tamazight sans le recours au référendum, à l'occasion de son déplacement dans la ville des Genêts. Une telle éventualité est rendue plausible par le fait que tamazight a constitué le point crucial des pourparlers de mardi. Au cours de cette entrevue, le délégué de la coordination des archs de Tizi Ouzou et ses compagnons ont reçu l'assurance que la langue amazigh sera hissée au rang de langue nationale. “Le chef du gouvernement a réaffirmé ce principe”, soutient Belaïd Abrika joint hier par téléphone. Pourtant, ce n'est pas la première fois que les délégués du mouvement citoyen obtiennent cet engagement. Néanmoins, une telle promesse a valeur de confirmation, anticipant peut-être le quitus suprême et imminent du chef de l'Etat. “Sincèrement, je ne sais pas si le président va annoncer l'officialisation de tamazight dimanche”, répond Abrika. Disant tout ignorer de ses intentions, il nie avoir été mis dans la confidence par son hôte du Palais du gouvernement. En revanche, les deux parties ont convenu de se revoir à nouveau pour réfléchir au délai et aux modalités de mise en œuvre de cette revendication inscrite dans la plate-forme d'El-Kseur. À moins que le président de la république les devance et prenne lui-même les décisions y afférentes. La mesure, si elle vient à être concrétisée, est un gage pour la population de Kabylie que le pouvoir central a toujours eu peine à mettre dans son giron. En 2002, croyant pouvoir régler la crise de Kabylie, provoquée par des événements tragiques ayant eu lieu une année auparavant, le président avait proclamé tamazight langue nationale. Accompagnée d'autres mesures très mitigées, comme le démantèlement de certaines brigades de gendarmerie et la traduction des gendarmes impliqués dans les assassinats des manifestants, elle n'a pas eu l'effet escompté. La région étant restée frondeuse, il fallait instaurer un véritable dialogue avec ses représentants. Débuteront les pourparlers avec les archs sous la houlette du chef du gouvernement. Depuis 2004, une série de questions ont été résolues (l'indemnisation des familles des victimes et des blessés des événements), d'autres à moitié (la révocation “des indus élus” limitée aux élus locaux). Il reste à savoir maintenant quel sort réservera Bouteflika à tamazight même si son chef de l'Exécutif dit que son officialisation est une question de temps et de moyens. Ouyahia et les délégués des archs se sont quittés mardi soir sans avoir fixé de rendez-vous pour une nouvelle rencontre, selon Abrika, mais d'autres sources affirment que rendez-vous est pris pour samedi. Aujourd'hui, un conclave de l'interwilayas se tiendra à Béni Ourtilane, dans la wilaya de Sétif. SAMIA LOKMANE