La langue amazighe pourrait être officialisée sans recours à un référendum. Le principe de son institutionnalisation semble être acquis pour la délégation des archs dialoguistes. « Nous sommes sur la bonne voie », nous a déclaré, hier, Belaïd Abrika, l'un des principaux responsables du mouvement des archs. La réunion du jeudi dernier entre les archs dialoguistes et le chef du gouvernement semble avoir débouché sur des résultats. Entamée à 10h30 et achevée à 19h, cette rencontre marathon « était bénéfique pour le processus de dialogue entre les deux parties », selon un membre de la délégation. « L'Etat s'est enfin rendu compte que l'origine de la crise en Kabylie est la question identitaire. A partir de là, il y a une véritable volonté et un engagement de sa part de résoudre cette question », a affirmé Djaâfer Abdeddou, membre du mouvement des archs de Bouira (CCCWB). Selon ce dernier, « le principe de l'officialisation de tamazight est gagné ». Il nous reste maintenant à engager une réflexion afin de trouver les modalités de son officialisation », a-t-il ajouté. A en croire une autre source proche des dialoguistes, « le chef de l'Exécutif aurait accepté le principe de l'officialisation de cette langue sans référendum ». Il est à rappeler que l'idée du référendum sur l'institutionnalisation de tamazight lancée, dans un premier lieu, par le président de la République lors d'un meeting électoral à Tizi Ouzou en 1999, avait été rejetée par la population de la Kabylie et nombre de formations politiques à l'époque. La même idée, suggérée par le chef du gouvernement, a capoté lors de la première initiative de dialogue avec la mouvance des archs en janvier 2004. Si l'information se confirme dans les prochains jours, l'accord sur ce huitième point du document d'El Kseur, l'officialisation de tamazight, sera un grand pas franchi pour la satisfaction des revendications de la région et la résolution d'une crise qui aura duré près de 4 ans. Les délégués des archs, en concertation interne depuis hier, ont refusé de donner plus d'informations sur le sujet. « Nous sommes en concertation. Nous allons annoncer les résultats de cette rencontre dans une conférence de presse », s'est contenté de dire Belaïd Abrika. D'autres points liés à la question identitaire ont été de surcroît abordés. Le caractère obligatoire de l'enseignement de la langue amazighe, la réintégration des enseignants de tamazight par l'ouverture d'autres postes budgétaires et la création d'une académie pour cette langue sont, selon Djaâfer Abdeddou, « arrachés ». Durant ce nouveau round de négociation, les deux « partenaires » sont revenus sur la problématique de l'application du protocole d'accord sur les six incidences, signé en janvier 2005. La dissolution des APC élues en Kabylie pourrait, a affirmé le membre de la CCCWB, être élargie à d'autres communes dans les wilayas de Bouira et Sétif. « L'arrêt des poursuites judiciaires contre des jeunes dans la région est de Bouira sera également pris en charge », a précisé le délégué de la CCCWB. Alors que la quinzième revendication, en l'occurrence l'allocation chômage, n'a pas été abordée, les archs évoquent « le début du jugement des gendarmes responsables des assassinats de jeunes en Kabylie en 2001 ». Avant d'entamer un nouveau round de dialogue, probablement après le discours du président Bouteflika, prévu demain, les archs ont programmé un meeting populaire à Alger qui se tiendra jeudi à 16h à la salle Ibn Khaldoun. Ce rendez-vous coïncidera avec le meeting du FFS prévu le même jour à la salle Rouiched d'Hussein Dey (Alger).