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Les archs iront chez Ouyahia
DIALOGUE AVEC LE GOUVERNEMENT
Publié dans L'Expression le 06 - 01 - 2005

L'Etat s'engagera à officialiser constitutionnellement tamazight, sans recours au référendum, lorsque les conditions seront réunies.
Les archs répondent favorablement à l'invitation d'Ahmed Ouyahia à reprendre le dialogue. C'est ce qui ressort de la conférence de presse animée, hier, par Belaïd Abrika à la Maison de presse Tahar-Djaout. «Les délégués se sont prononcés à titre individuel sur le sujet et la tendance est à l'acceptation de cette invitation», a déclaré le délégué de Tizi Ouzou qui a, néanmoins, insisté sur le fait que l'accord final sera donné par l'interwilayas. Celle-ci tiendra un conclave extraordinaire à Tizi-Ouzou pour formaliser la reprise du dialogue. Ayant buté sur le point 8 de la plate-forme d'El-Kseur relatif à la constitutionnalisation de tamazight en tant que langue officielle sans référendum ni condition, la relance dudit dialogue est rendue possible, affirme-t-on de sources sûres, après que les deux parties furent parvenues à un accord sur la question, à travers les fameux «contacts» informels, plusieurs fois évoqués par le chef du gouvernement. L'accord en question, relèvent nos sources, endosse totalement le point 8, sans toutefois avancer une quelconque date pour sa mise en oeuvre. En d'autres termes, l'Etat «s'engagera à officialiser constitutionnellement tamazight, sans recours au référendum, lorsque les conditions seront réunies», précise-t-on de mêmes sources. Une sorte de deal, donc, qui permet au mouvement citoyen de passer aux autres points de la plate-forme et au gouvernement d'obtenir un accord global sur les revendications citoyennes, sans pour autant être pris à la gorge sur une question aussi sensible. L'assurance dont a fait montre Belaïd Abrika hier, lors de la conférence de presse sur ce sujet, confirme «l'accord officieux» décroché auprès de la chefferie du gouvernement. «Cet appel au dialogue est la réponse du gouvernement à la déclaration du mouvement citoyen à l'issue de l'interwilayas de septembre 2004 où nous l'avons interpellé sur la question de l'officialisation de tamazight», a déclaré Belaïd Abrika. La figure de proue du mouvement a, par ailleurs, insisté sur le fait que «le mouvement refuse le recours au référendum» pour la constitutionnalisation de tamazight, arguant de la détermination des archs à «sauvegarder l'unité de la nation».
Cela dit, l'animateur du mouvement citoyen a affirmé que cette conférence de presse a été décidée le 24 décembre dernier et qu'elle n'a donc pas un rapport direct avec l'appel au dialogue d'Ouyahia. Abrika a annoncé avoir convoqué la presse pour faire un point de situation du protocole d'accord signé avec le gouvernement en janvier 2004. A entendre le délégué de Tizi-Ouzou, le bilan sur le terrain des 6 incidences est plutôt mitigé. Il relèvera la pleine satisfaction de la première incidence qui a concerné la libération de tous les détenus du mouvement citoyen, mais regrette que les poursuites judiciaires à l'encontre d'autres n'aient pas été totalement levées. Pour ce qui concerne le paiement des factures d'électricité, le conférencier évoque l'accord, non satisfait, conclu avec le gouvernement, pour la diffusion d'une émission de télévision essentiellement consacré à faire «une mise au point» sur le traitement médiatique réservé à la marche du 14 juin 2001. «Tant que la Télévision n'a pas fait ses excuses, nous considérons que l'incidence relative aux factures d'électricité demeure pendante», soutiendra Abrika qui note l'insatisfaction des 5e et 6e incidences relatives respectivement à la défiscalisation des commerçants et à la révocation des «indus élus». Cependant, il affiche sa satisfaction quant à la 4e incidence qui a trait à la réintégration des travailleurs licenciés.
Au plan de l'action sur le terrain, il a confirmé l'engagement du mouvement dans une «étape de réflexion» après l'élection présidentielle et annoncera des contacts avec le mouvement citoyen du Sud, tout en s'attaquant vertement au corps de la gendarmerie, responsable, selon lui, «des tortures perpétrées contre des citoyens à T'kout».
Enfin, le délégué de Tizi-Ouzou considère le communiqué du gouvernement comme une reconnaissance de fait de la revendication de faire du 12 janvier (Yennayer) une date officielle. En effet, dans son appel à la reprise du dialogue, les services du chef du gouvernement ont explicitement cité Yennayer comme une date-référence. Tout compte fait, il ressort de la conférence de presse d'hier, une réelle volonté des archs de reprendre langue avec l'Etat, d'autant que le problème essentiel qui a conduit à la rupture du dialogue a été levé de concert entre les deux parties. Cela étant, il y a lieu de relever que «ce réchauffement» intervient dans un contexte politique national où la réconciliation et l'amnistie générale font débat. A ce propos, Belaïd Abrika n'en démord pas. Il n'est pas question pour lui que cette amnistie puisse toucher les gendarmes responsables de la mort de 123 jeunes en Kabylie. Néanmoins, il refuse de s'engager dans le débat tant que les contours du projet présidentiel demeurent flous. Pour l'heure, une seule question le préoccupe: la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur.


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