Pour certaines familles, ces logements constituent de simples résidences secondaires qu'elles occupent le temps de la saison estivale. Dans un recensement réalisé par la Commission des logements sociaux relevant de la wilaya d'Oran, 25 000 logements sociaux attribués sont inoccupés ou sous-louées, a-t-on appris de sources proches de la commission en question. Pour être plus précis, ce sont 24 997 logements sociaux qui ont été attribués dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire qui se trouvent aujourd'hui dévoyés de leur destination initiale, qui consiste à combler les disparités en matière de logement au profit des personnes nécessiteuses. “C'est un chiffre qui a été malheureusement relevé par la Commission des logements sociaux qui s'active à mettre en pratique les directives du ministère de tutelle en matière de relogement”, note avec amertume un responsable local. Mais, aussi paradoxal que cela paraisse, des localités dont les besoins en logements sociaux figurent en bonne place dans la perspective nationale entrant dans le cade de la lutte contre la Résorption de l'habitat précaire (RHP), achoppent sur un simple problème technique d'attribution de logements. Dans ce contexte, la daïra de Bir El-Djir (15 000 habitants) enregistre un chiffre record de logements sociaux attribués inoccupés. En effet, la Commission de recensement des logements sociaux y a enregistré 6 200 logements inoccupés ou sous- loués, soit un taux de 35%. “C'est une situation alarmante qui risque de provoquer le courroux des personnes réellement dans le besoin et qui espèrent des logements sociaux depuis des années. Certains d'entre eux attendent depuis 10 ou 15 ans”, affirme un membre de la Commission de recensement des logements sociaux (CRLS). Mais, cet état de fait n'est pas propre à la seule localité de Bir El-Djir où des protestations de citoyens mécontents suivies d'émeutes ont éclaté au cours de cette année. Dans les localités balnéaires de Bousfer et d'Aïn El-Turck, les statistiques de la CRLS ont noté, respectivement, un taux d'inoccupation des logements sociaux de 32% et 25%. Selon un membre de la CRLS, ces chiffres renseignent sur l'étendue du marasme du secteur du logement à Oran. Cette situation est générée par la complaisance, la corruption, les trafics d'influence et le contournement de la loi. “Des logements sociaux attribués à Aïn El-Turck bénéficient directement à des personnes qui ne sont pas dans le besoin et qui sont, comble de l'ironie, étrangères à la ville. On ne les voit presque jamais sauf durant la période estivale. La plupart du temps, les logements attribués demeurent inoccupés”, avoue un élu local de cette localité de la Corniche oranaise. À Oran, ce phénomène est également perceptible au niveau des Zones urbaines d'habitation (ZUH), où 2 000 logements sociaux inoccupés ont été recensés par la CRLS. Dans la commune de Sidi Chahmi, ce sont 3 200 logements sociaux qui ont été enregistrés par la commission qui s'attelle à débusquer les bénéficiaires de complaisance. “Dans les nouvelles cités d'habitation, nous avons constaté que la plupart des logements qui ont été attribués sont sous- loués. Quand on demande aux occupants qu'ils n'ont pas le droit de sous-louer un bien de l'Etat, ils nous rétorquent qu'ils n'y sont pour rien et qu'ils n'enfreignent pas la loi”, affirme un membre de l'APW. Il ajoute : “Plusieurs bénéficiaires de ces logements ne résident pas dans la wilaya d'Oran.” Pour mener à bien sa mission, la CRLS s'active à mettre sur pied une commission technique qui aura de larges prérogatives pour concocter de nouvelles conditions pour l'attribution des logements sociaux à Oran. B. GHRISSI