Les retombées de la grève illimitée, déclenchée à l'appel de la section syndicale UGTA de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), commencent à se faire sentir. Et lourdement. L'activité du port est à l'arrêt provoquant de sérieux désagréments pour les opérateurs économiques et les navires à trouver d'autres ports de débarquement. Le DG du port de Béjaïa, Halim Kasmi, nous a confirmé hier au téléphone que "six navires ont été déroutés vers le port de Jijel. Une perte pour la trésorerie de l'entreprise, pour la région et pour l'économie locale", a-t-il regretté. Une situation qui n'est pas prise en compte par les grévistes dont les revendications, déjà satisfaites, selon lui, ne justifient nullement le débrayage. Ce qui laisse supposer que les raisons de cet arrêt sont ailleurs et autres que d'ordre socioprofessionnel. Il appuie cette appréhension sur les motifs de la grève et le refus des grévistes de l'offre de dialogue de la direction de l'entreprise. "Je n'arrive pas à comprendre les intentions véritables des instigateurs de cette grève qui sur la base d'arguments fallacieux prennent en otage l'équilibre économique de toute une région", a indiqué le directeur de l'EPB. Revenant sur l'impact financier induit par la poursuite de la grève, il a relevé que "le manque à gagner pour l'entreprise est estimé à plus de 400 millions de dinars", alors que les surestaries, supportées par les réceptionnaires et le Trésor public, "avoisineraient les 700 000 dollars". Qu'en est-il de l'impact sur des opérateurs économiques de la région ? Pour y remédier, des initiatives sont entreprises pour trouver une solution à ce conflit "vaudevillesque", pour reprendre le terme du DG du port. Une médiation est en cours et une issue positive n'est pas exclue d'ici à la fin de journée, selon un cadre de l'entreprise que nous avons joint au téléphone. En ce qui concerne la gestion de la grève, M. Kasmi a tenu à préciser qu'il avait tenu une réunion, le 23 juillet dernier, "avec notamment les représentants du conseil syndical actuel pour enclencher un dialogue constructif et aboutir à une solution concertée." Malheureusement, a-t-il déploré, "les voies du dialogue ont été rejetées, pénalisant ainsi l'activité portuaire et créant des désagréments et pour les opérateurs économiques et pour le Trésor public". S'agissant des griefs qui lui sont reprochés, il a rappelé qu'en 2019, une augmentation de 26% de salaire et un rappel de 15 moins avaient été accordés aux travailleurs. La preuve, a-t-il ajouté, "la grille de salaires de l'entreprise est l'une des meilleures de la wilaya de Béjaïa". Plusieurs autres primes leur ont été accordées en 2019 et en 2020, "et cela ne pouvait être que le résultat d'une vraie concertation et d'un dialogue franc avec le partenaire social". Plus clairement, rien ne pouvait justifier le durcissement de la position des grévistes. Pour rappel, M. Kasmi avait déclaré à la presse qu'en une année, soit depuis son arrivée à la tête de l'EPB, "nous avons terminé le premier semestre avec un résultat physique de 5,43 millions de tonnes de marchandises générales, soit une augmentation de 7,43% par rapport à la même période de l'année passée. Le chiffre d'affaires a également augmenté de 5,56%, et le résultat d'exploitation de 468%". M. Ouyougoute