Le leader du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, a échappé de justesse à sa destitution de la présidence de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP, Assemblée nationale) en Tunisie, après le vote jeudi d'une motion de retrait de confiance, déposée par l'opposition. Le texte n'a pu recueillir que 97 voix sur les 109 nécessaire pour l'évincer de la présidence de l'ARP. "C'est une nouvelle victoire de la démocratie en Tunisie", a déclaré Rached Ghannouchi à l'issue du vote, selon l'agence de presse officielle TAP. Alors que les députés de son parti et de l'autre coalition islamiste Al-Karama se sont abstenus de voter, 16 députés ont voté contre ce texte, 18 bulletins ont été considérés comme nuls, à côté de 2 bulletins blancs. Si le leader islamiste de 78 ans est sorti gagnant de cette bataille, il n'en demeure pas moins qu'il s'en est sorti fragilisé, dans un contexte marqué par la chute de l'ancien gouvernement d'Elyas Fekhfakh, contraint à la démission, et un gouvernement qui devrait être mis en place dans un délai d'un mois. Déjà que le Premier ministre chargé de la formation du nouveau cabinet, en l'occurrence Hichem Mechichi, qui n'appartient à aucune formation politique, a été mal perçu par certains, la guéguerre au Parlement risque de compliquer l'adoption de la liste de son équipe. En effet, M. Mechichi a été désigné par le président de la République Kaïes Saïed, en dehors de la liste de candidats présentée par les partis et blocs parlementaires. Si la conjoncture que vit la Tunisie ne laisse pas de place à l'ego, le choix de M. Saïed passe mal, aux yeux de certains partis, qui disposent toutefois d'une marge de manœuvre pour rejeter le futur gouvernement. Mais cela risque toutefois de conduire le président à dissoudre l'Assemblée, ce qu'Ennahdha ne souhaiterait pas. Mais vu les tensions au sein du Parlement tunisien, le vote en faveur de la liste de Mechichi s'annonce déjà difficile, lui qui veut constituer un cabinet de compétences nationales et apartisan. L. M.