Le chef du gouvernement tunisien désigné, Hichem Mechichi, a entamé hier les concertations avec plusieurs personnalités et organisations politiques et syndicales pour la formation de son cabinet, ont rapporté les médias locaux. Après avoir rencontré dans la matinée d'hier le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Noureddine Tabboubi, et le président de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat, Samir Majoul, M. Mechichi s'est entretenu dans l'après-midi avec le gouverneur de la banque centrale, Merouane Abassi, ainsi qu'avec la présidente de l'Union nationale de la femme tunisienne, Radhia Jerbi, a rapporté la radio privée Mosaïque FM. Selon plusieurs sources, le chef du gouvernement désigné samedi soir par le président Kaïes Saïed a opté pour la formation d'un cabinet de compétences et apartisan. Son choix par le président tunisien a soulevé beaucoup d'interrogations sur la volonté de M. Saïed de passer outre à l'avis des partis politiques siégeant à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP, parlement tunisien), surtout celui du parti majoritaire Ennahdha de Rached Ghannouchi. Tout en félicitant Hichem Mechichi pour sa désignation à la tête de l'Exécutif, le parti islamiste a appelé le chef du gouvernement à "élargir le cercle de concertations sur la composition du prochain gouvernement aux partis et aux organisations nationales". Ennahdha a aussi appelé "toutes les composantes de la scène politique à l'apaisement et au dialogue, à adhérer à l'approche du consensus et à soutenir les assises d'unité et de stabilité nationales", lit-on encore dans ce communiqué, alors que son leader, Rached Ghannouchi, également président de l'ARP, fait face à un mouvement de contestation au sein de l'Assemblée nationale, où une pétition exigeant sa démission a, jusqu'à présent, collecté 109 signatures. Le vote d'une motion demandant son départ devrait être soumise au vote demain. La vice-présidente à l'ARP, la députée indépendante Mongi Rahoui, est pressentie pour lui succéder, selon des source internes, en cas de retrait de confiance, son nom semblerait faire consensus au sein de l'hémicycle. Pour sa part et concernant la formation du futur gouvernement, le parti Machrou Tounes de Mohsen Merzouk a proposé hier la formation d'un cabinet "restreint et solidaire", a rapporté l'agence de presse officielle TAP. M. Mechichi dispose de 30 jours pour annoncer la liste de son équipe, avant de la soumettre à l'adoption du Parlement. En cas de rejet par les députés de sa proposition, la Constitution tunisienne autoriserait le président de la République à dissoudre le Parlement et à convoquer de nouvelles élections législatives dans les 90 jours. Ce scénario semble le plus probable, selon de nombreux analystes qui pensent que Kaïes Saïed chercherait à réduire le pouvoir des partis et du Parlement.