Pour certains, elle incarne la jeune femme à qui tout réussit ; carrière théâtrale, la première comédienne à avoir commencé à jouer dans la rue, fondatrice du ciné-club Ciné7ouma. En sus de son background de pionnière, activiste culturelle et ses initiatives qui ne cessent d'enrichir la sphère artistique, Touchi fait partie désormais d'une commission chargée de la réforme du théâtre, qui promouvra, espère-t-elle, l'art de la rue, son cheval de bataille. L'amour pour ce genre théâtral s'est manifesté lors d'un atelier chapeauté par Adila Bendimerad, "la première à avoir investi dans le théâtre de rue et à y former des jeunes", dit-elle. Et depuis ce jour, où le groupe a eu à se produire à Bab El-Oued et dans les rues d'Alger, Touchi n'a cessé de mettre ses acquis et sa modeste expérience au service de cet art encore très peu connu dans nos contrées. Cette nouvelle expérience ne ressemble sans doute à aucune de celles qu'elle avait connues jusqu'alors. La rencontre d'un autre public, non averti, le plaisir de jouer dans la rue et le sentiment d'apporter un plus au théâtre algérien ont davantage ancré en elle l'idée de l'investir, de le promouvoir et de le rendre accessible. Il y a là aussi, constate Touchi, un besoin urgent de pallier un manque flagrant de culture dans nos rues "vides, sans couleurs, sans musique"... sans âme. "C'est pour ça que j'ai décidé de le faire, tout le temps, toute ma vie s'il le faut." Elle avoue cependant qu'à ses débuts, le public avait du mal à accepter cette "intrusion" dans l'espace public. Il leur a fallu à peine deux semaines pour que la magie opère et à la troupe de perpétuer ce qu'est devenu par la suite une tradition et un moment d'évasion pour les enfants des quartiers populaires. "Ils sont devenus notre public le plus fidèle", martèle-t-elle. Une décennie plus tard, les mentalités ont – heureusement – bien changé. Une petite victoire pour Touchi de rencontrer des gens qui "les sollicitent désormais pour voir leurs représentations". L'expérience fut aussi menée dans le Sud, à la faveur d'une tournée, la plus belle sans doute, selon la jeune femme. En sortant des sentiers battus de la capitale, Leïla et son équipe ont décidé "de ne jamais quitter le théâtre de rue, d'en faire encore et toujours". Mais comment donner encore plus de visibilité à cet art, tout en restant dans l'esprit de cette troupe pionnière et donner une chance autant aux jeunes comédiens qu'au public de renouer avec la culture. Ceci est l'affaire de tous, renchérit la comédienne, les pouvoirs publics, la mairie, la wilaya... "Si le citoyen voit que la culture vient jusqu'à lui, sa curiosité sera forcément titillée !" Yasmine Azzouz