La chambre d'accusation de la Cour suprême a statué, hier après-midi, pour le maintien en détention provisoire de l'ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi. Elle a appuyé, de ce fait, la décision du conseiller instructeur en titre de la même juridiction, qui a décidé, il y a quelques jours, de prolonger sa détention provisoire de quatre mois supplémentaires, pour les besoins de l'enquête. Selon l'avocat de l'ex-ministre de la Culture, Me Boudjemâa Ghechir, "la chambre d'accusation n'a pas le droit de valider la décision de prolongation de sa détention préventive au-delà d'une période de 8 mois, car elle est poursuivie dans le cadre d'un délit. Et dans ce cas de figure, la détention provisoire ne doit pas excéder cette période. Khalida Toumi est depuis un mois en prison, de manière illégale. C'est une violation de l'article 125 du code de procédure pénale". Et d'ajouter : "Nous allons saisir le président de la République en tant que premier magistrat du pays sur cette violation de la loi et l'interpeller sur le fonctionnement de la justice qui perd chaque jour davantage sa crédibilité." L'ancienne ministre a été placée sous mandat de dépôt le 4 novembre 2019 à la prison d'El-Harrach, à l'issue d'une longue audition par le magistrat instructeur de la Cour suprême. Elle est poursuivie pour "dilapidation de deniers publics, abus de fonction et octroi d'indus privilèges". L'enquête préliminaire s'est intéressée à l'ensemble des actes de gestion de la ministre entre 2002 et 2014, et particulièrement aux frais d'organisation de deux événements culturels sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika. À savoir, le Festival panafricain en 2009 et "Tlemcen, capitale de la culture islamique", en 2011. "Les enquêteurs ont estimé que les coûts de ces événements sont élevés. Mais ce qu'il faut savoir c'est qu'ils revêtaient un caractère très particulier. Ce sont des initiatives politiques pour redorer le blason du pays qui ont été entreprises sur instruction du président de la République et avec le quitus du Conseil des ministres. Il fallait notamment payer les billets d'avion et les frais d'hébergement des participants des pays africains pauvres", explique Boudjemâa Ghechir. La défense de l'ex-ministre de la Culture se plaint, en outre, de la lenteur des investigations judiciaires. "En neuf mois, Khalida Toumi n'a été entendue qu'une seule fois. L'instruction est au point mort. Ce qui rend encore plus intolérable son maintien en prison", estime son avocat.