La chambre d'accusation près le tribunal militaire de Blida examinera, le lundi 20 mai, les demandes de mise en liberté provisoire de Louisa Hanoune, du frère-conseiller du Président déchu, Saïd Bouteflika, et des généraux à la retraite Mohamed Mediène et Bachir Tartag, tous poursuivis pour «complot contre l'autorité de l'Etat et de l'armée». Ce n'est qu'hier que Louisa Hanoune a pu voir ses avocats, après leur constitution auprès de la juridiction. Placée en détention depuis jeudi dernier, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT (Parti des travailleurs), a finalement reçu, hier, la visite de ses trois avocats, maîtres Boudjemaa Ghechir, Mokrane Aït Larbi et Rachid Khan, après une matinée de longues procédures. Convoquée en tant que témoin, Louisa Hanoune avait été entendue durant plus de cinq heures par le juge d'instruction en charge de l'enquête sur un présumé «complot contre l'autorité de l'Etat et de l'armée», dont sont accusés Saïd Bouteflika, frère du Président déchu, Mohamed Mediène, général de corps d'armée à la retraite, Bachir Tartag, général-major à la retraite, qui ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt il y a une semaine. Il faut dire que l'incarcération de Louisa Hanoune et la diffusion d'images de son entrée au tribunal militaire à son insu ont suscité l'indignation aussi bien au sein de son parti qu'auprès de nombreuses personnalités politiques, médiatiques, syndicalistes et féministes. Samedi dernier, un comité populaire pour sa «libération immédiate» a été mis en place à Alger, en présence de nombreux cadres du parti, alors qu'une pétition dénonçant son incarcération a recueilli, après 24 heures de son lancement, de nombreuses signatures de personnalités nationales. Pour le parti que Louisa Hanoune dirige, «l'incarcération de la secrétaire générale ne peut nous faire reculer par rapport à nos positions politiques pour une Constituante, pour le changement radical du régime et contre la prochaine élection présidentielle du 4 juillet, qui tend à maintenir le régime en place», a déclaré Youcef Taazibt, membre de la direction, lors d'un point de presse animé au siège du parti. Contacté, un de ses avocats, Me Boudjemaa Ghechir, de la Ligue algérienne des droits de l'homme, affirme après sa visite rendue à Louisa Hanoune, que celle-ci «est très à l'aise et n'exprime aucune crainte pour sa personne. Elle s'est montrée plus déterminée qu'avant, surtout après avoir été informée de la solidarité que son incarcération a suscitée. Elle est très courageuse et se dit très sereine». Pour beaucoup, «il est impensable que Louisa Hanoune, qui a fait toute sa vie de la politique, soit poursuivie pour des actes politiques», avait déclaré l'ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi, signataire de la pétition pour la libération de Mme Hanoune, au même titre que de nombreuses autres personnalités. Elle a par ailleurs dénoncé la diffusion des images de Louisa Hanoune par les chaînes de télévision et a qualifié cet acte «de viol contre cette militante de longue date». A propos de la procédure, Me Boudjemaa Ghechir confirme avoir déposé, avec ses deux confrères, un appel contre le mandat de dépôt, auprès de la chambre d'accusation, laquelle a programmé l'examen le 20 mai. Durant cette audience, les magistrats de cette chambre devront également trancher la demande de mise en liberté provisoire introduite par les avocats des trois autres accusés, Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène et Bachir Tartag, détenus à la prison militaire depuis plus d'une semaine.