L'opposition malienne a appelé ses partisans et sympathisants à une semaine de mobilisation contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, qu'elle cherche à évincer du pouvoir, lui reprochant sa "mauvaise gouvernance", continuant de rejeter la feuille de route que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) cherche à imposer, après l'échec de sa tentative de médiation à Bamako. Réunie autour du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), l'opposition malienne a organisé mardi dernier un grandiose rassemblement à la place de l'Indépendance à Bamako, une action qui a coïncidé avec l'installation des neuf nouveaux membres de la très contestée Cour constitutionnelle et la nouvelle tentative de médiation avortée du représentant de la Cédéao, l'ex-président nigérian Jonathan Goodluck. Mais face à l'impasse politique, le M5-RFP a décidé de reconduire ses actions de protestations, en passant à la vitesse supérieure. Ce qui risque de conduire une nouvelle fois à l'affrontement direct avec le pouvoir en place, après la répression des manifestations du 10/11 et 12 juillet dernier qui ont fait, selon Humain Rights Watch, au moins 14 morts et 300 blessés. Selon la presse malienne, le M5-RFP a appelé entre autres à observer un grand rassemblement populaire ce vendredi qui sera suivi d'un sit-in qui devrait durer jusqu'à dimanche, pour accentuer la pression sur IBK qui semble ignorer la contestation, fort du soutien de ses homologues de la Cédéao et de l'ONU qui avalise les dernières conclusions du sommet extraordinaire de la médiation ouest-africaine. Depuis la publication des résultats des législatives du 29 mars et du 19 avril derniers, par la Cour constitutionnelle, accusée d'avoir privé de leur victoire 31 députés indépendants et de l'opposition, la situation politique au Mali a viré vers une impasse, malgré les tentatives de médiation menées par la Cédéao, l'ONU, l'Union africaine et l'Union européenne pour détendre un climat délétère, alors que le Mali vit depuis 2012 une situation sécuritaire chaotique qui a déteint sur les pays voisins dans la région du Sahel. Après avoir usé de menaces, à l'encontre de l'opposition malienne, la Cédéao cherche désormais à regagner la sympathie du M5-RFP et de l'un de ses leaders, l'influent imam Mahmoud Dicko, qui dément formellement vouloir prendre le pouvoir à Bamako et instaurer une république islamique, comme l'accuse ses détracteurs au sein du parti présidentiel, lui aussi accusé de corruption et d'abus de position. Lyès Menacer