Dans un appel rendu public, mercredi dernier, le Collectif des femmes algériennes pour le changement et l'égalité dénonce les violences faites aux femmes et les féminicides. Ce Collectif demande la mise en place de mesures d'urgence afin de protéger les femmes de toutes formes de violences . À ce propos, il est demandé la "réquisition d'auberges/d'hôtels pour abriter les femmes et les enfants en danger", ainsi que la "construction de centres d'hébergement partout dans le pays" où pourront se réfugier les femmes victimes de violences. Il est aussi demandé des "financements pour la gestion et l'encadrement des centres en médecins, en psychologues..." et la gratuité des appels, 24 heures sur 24, aux "centres d'appels téléphoniques à partir du téléphone fixe et portable". Comme mesure d'urgence, le Collectif préconise l'"interpellation des agresseurs et la protection immédiate des victimes avec ou sans certificat de médecine légale" et, partant, l'"éloignement de l'agresseur en attendant l'enquête et les modalités de jugement rapide et exemplaire". Un budget spécial "d'aide aux victimes de violences et à leurs enfants" est parmi les revendications du Collectif qui demande à "développer des programmes de formation de prise en charge des femmes victimes de violences par des professionnels de la santé, la justice et la police", et qui recommande une "campagne massive d'éducation à l'égalité, dans les programmes et établissements scolaires, dans les placardages de rue, dans les médias et les télévisions, en particulier...". Le document rappelle que "de janvier à août 2020, 36 femmes ont été assassinées par leur conjoint, leur frère, leur père ou autres, selon la presse nationale, et 39 pour l'année 2019, selon la DGSN", présentés comme faits divers. Le Collectif des femmes algériennes pour le changement et l'égalité se pose également des questions sur "celles qui ont survécu à une tentative de meurtre", "celles qui subissent les coups sans porter plainte", "celles qui sont dans le déni", "celles qui n'ont pas d'espace de refuge" et "celles qui ne sont pas financièrement autonomes". Il dénonce aussi "les silences érigés en barrière face à la terreur", "pour protéger l'honneur et la réputation de la famille", mais également "pour protéger les agresseurs des femmes". Le Collectif accuse le silence des autorités et celui de la société "complices en ne dénonçant pas ces crimes. En ne réagissant pas face aux violences contre les femmes car ces violences répétées sont des féminicides annoncés". Il appelle les "familles, voisins, collègues, proches et moins proches" des victimes de violences "à dire, à dénoncer, à s'indigner, à refuser de se taire, à refuser d'accepter et à s'inscrire dans la solidarité sans conditions". Le Collectif rappelle aussi le devoir de l'Etat "de protéger les femmes victimes de violences conjugales, familiales et celles de la rue, par des mesures de prévention et de protection énergiques et efficaces".