Des dizaines de représentants de la presse nationale, de militants et de citoyens ont observé, hier, pendant quasiment une heure devant la maison de la presse Tahar-Djaout à Alger, un rassemblement de soutien au journaliste Khaled Drareni. Les manifestants ont commencé à rallier le lieu de l'événement vers midi. Un dispositif de la police nationale, plutôt léger, avait été déjà mis en place. "La situation sanitaire ne vous permet pas de vous attrouper à l'extérieur", a lancé un officier de la Sûreté nationale aux premiers arrivants. Les agents de sécurité avaient, néanmoins, fermé hermétiquement le portail, limitant l'accès piéton de la Maison de la presse aux seuls travailleurs des entreprises de presse qui y sont domiciliées. À midi trente, heure du rassemblement, les trottoirs, qui bordent la ruelle, sont largement occupés. Les agents de police en uniforme ont empêché le débordement de la petite foule sur la chaussée, afin de ne pas entraver la circulation automobile. La manifestation a démarré sur des slogans appelant à la libération du journaliste, en détention au centre pénitentiaire de Koléa depuis le 28 mars 2020. "Khaled Drareni, sahafi hor" (Khaled Drareni, journaliste libre), "Libérez Drareni, libérez la presse immédiatement", ont scandé ses confrères et ses consœurs, en chœur avec des militants. Le Dr Nadia Chouitem, membre de la direction du Parti des travailleurs, Mourad Biatour, cadre du RCD, Hakim Addad, membre fondateur du RAJ (Rassemblement Actions-Jeunesse), Amina Haddad, productrice, Omar Belhouchet, ex-directeur de la publication d'El Watan, entre autres, ont marqué de leur présence le rassemblement. Au-dessus d'une multitude de portraits du fondateur du site électronique Casbah Tribune et correspondant à Alger de RSF (Reporters sans frontières) et TV5monde, les doigts des manifestants ont formé le signe V de la victoire. Le geste que Khaled Drareni s'est approprié au moment du prononcé du verdict par la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Sidi M'hamed. L'attroupement a pris fin à 13h30. À ce moment-là, Mohamed Lamri, un détenu d'opinion libéré sous condition depuis une semaine, a été interpellé par la police. Il lui est reproché, selon des témoins, d'avoir scandé un slogan hostile au régime. Il a, néanmoins, été relâché au bout d'une demi-heure. L'action de rue de soutien à Khaled Drareni, à laquelle ont appelé des journalistes, sera probablement rééditée lundi prochain, selon les échos retentis hier. Pour rappel, le fondateur de Casbah Tribune a été condamné, le 10 août dernier, lors d'un procès en première instance, à trois années de prison ferme pour "incitation à un attroupement non armé" et "atteinte à l'intégrité du territoire national". Le verdict a suscité un grand mouvement de solidarité à l'intérieur du pays et à l'étranger. La mobilisation s'intensifie pour qu'il soit remis en liberté à l'issue du procès en appel à la Cour d'Alger. Aucune date pour l'audience n'est fixée jusqu'alors. Les avocats supposent que ledit procès serait, sans doute, programmé à l'entame du mois de septembre.