Entre espoir et lassitude, une foule de manifestants antiracistes s'est retrouvée vendredi au cœur de Washington pour réclamer la fin des violences policières contre la minorité noire, après une série de bavures qui ont rouvert les plaies raciales de l'Amérique. 57 ans jour pour jour après l'emblématique discours du leader de la lutte pour les droits civiques Martin Luther King, "I have a dream", des dizaines de milliers de personnes ont marché à nouveau sur la capitale fédérale pour exiger de profondes réformes. Sa petite-fille, Yolanda King, 12 ans, a pris le micro pour réclamer "l'égalité réelle". "Nous sommes la génération qui allons démanteler le racisme systématique une bonne fois pour toutes", a-t-elle lancé avec vigueur. Intitulée "Enlevez votre genou de nos cous", le mot d'ordre de la manifestation faisait référence à la mort de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis, dont le calvaire a déclenché un mouvement de protestation inédit depuis des décennies aux Etats-Unis. Le père de Jacob Blake, grièvement blessé dimanche à Kenosha, dans le nord du pays, a, lui, fait scander "Pas de justice, pas de paix", alors que l'agent qui a tiré plusieurs balles dans le dos du père de famille n'a toujours pas été arrêté, ni inculpé. Dernier outrage, selon ses proches : le jeune homme de 29 ans, qui a perdu l'usage de ses jambes, est resté menotté à son lit d'hôpital jusqu'à vendredi. "Il y a deux systèmes judiciaires aux Etats-Unis, un pour les Blancs, un pour les Noirs", a regretté Jacob Blake père. Ce drame a entraîné des manifestations émaillées de violences pendant trois nuits à Kenosha, où deux personnes ont été abattues apparemment par un jeune de 17 ans qui, armé d'un fusil d'assaut, s'était joint à des milices censées défendre les commerces locaux. L'affaire Jacob Blake a aussi déclenché un mouvement de protestation sans précédent dans le monde du sport. Après la décision des joueurs de basket-ball des Milwaukee Bucks de boycotter un match, la NBA a dû reporter plusieurs rencontres mercredi et jeudi. Les compétitions ont toutefois repris hier. Les orateurs ont salué les athlètes et déploré en revanche le discours du président Donald Trump qui, depuis des semaines, insiste sur les violences commises en marge des manifestations sans un mot sur le fond des revendications des Noirs-Américains. R. I./Agences