Ils étaient très nombreux, environ deux mille étudiants, à répondre par leur présence à l'appel du “Comité universitaire pour la vérité et la justice” qui a organisé, hier, un rassemblement devant la bibliothèque centrale de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou pour exprimer leur rejet pacifique à la charte pour la paix et la réconciliation et leur opposition à la visite de Bouteflika, aujourd'hui, dans la région. D'emblée, les organisateurs ont lancé un autre appel pour se rassembler, encore aujourd'hui, dans l'enceinte universitaire pour chahuter, voire empêcher le Président d'accéder à l'université de Tizi Ouzou ou au moins exprimer leur opposition à cette visite. Poursuivant le meeting, les intervenants qui se sont succédé à la tribune ont tenu, chacun à sa manière, de fustiger la charte pour la paix et la réconciliation qui est, de leur avis, “loin de constituer une solution pour la tragédie nationale”. “C'est facile de pardonner lorsqu'on vit au Club-des-Pins loin des massacres et des tueries, mais quelqu'un qui a vu ses parents ou ses enfants égorgés pourra-t-il pardonner sans qu'il y ait justice ?” dira l'un d'entre eux avant de rappeler les exactions commises en Kabylie en 1963, en 1980 et puis en 2001 sans que les auteurs ne soient jugés. “La Kabylie ne pardonnera jamais à ceux qui ont tué Djaout, Maâtoub et les125 jeunes lors des évènements du printemps noir. C'est un crime d'état qui a été commis en Kabylie, et l'état doit le reconnaître et demander pardon avant de proposer une quelconque charte”, ajoutera-t-il. D'autres intervenants ont préféré aborder le contexte dans lequel se déroule cette campagne référendaire tout en dénonçant la fermeture du champ médiatique et politique et condamnant l'exclusion des voix opposées à la charte du débat et des espaces publics au moment où Madani Mezrag continue d'animer des conférences sans être inquiété. à l'occasion de ce meeting, les étudiants n'ont pas manqué de revenir sur l'attribution, par le conseil scientifique de l'université, du diplôme honoris causa à Ben Bella qu'ils qualifient d'“une humiliation pour l'université, pour la région et pour Abane Ramdane” dont ils demandent la réhabilitation. Les étudiants demandent aux 21 membres signataires du Conseil scientifique de l'université de Tizi Ouzou de demander des excuses publiques ; faute de quoi la liste portant leurs noms sera affichée publiquement. Samir LESLOUS