Le gouvernement doit mettre le paquet sur l'accélération de l'investissement dans les secteurs à forte valeur ajoutée à travers un soutien financier franc et un important coup de pouce fiscal aux entreprises. Le gouvernement a examiné, mercredi, les modalités de mise en œuvre des mesures du "plan de relance pour une économie nouvelle". Il s'est agi, plus précisément, de débattre du mode d'emploi de la concrétisation des trois phases dudit plan, à savoir les mesures urgentes à mettre en œuvre avant la fin de l'année 2020, les mesures de court terme pour l'année 2021 et les mesures de moyen terme dont la mise en œuvre devra intervenir durant la période 2022-2024. Pendant plusieurs semaines, le gouvernement martelait qu'il y a péril en la demeure et qu'il était temps de passer à une "économie nouvelle" lors de la présentation de son plan de relance aux partenaires sociaux. Mais maintenant qu'il a été officiellement présenté, il y a de cela une quinzaine de jours, il est temps d'agir car il y a urgence et la reprise risque d'être pénible et coûteuse. Le gouvernement a annoncé vouloir changer de cap en faisant la part belle aux filières à haute valeur ajoutée pour l'économie, en y injectant 1 900 milliards de dinars et une douzaine de milliards de dollars, mais force est de constater que l'on est encore au stade de l'installation des comités de suivi au niveau des ministères. Préparé depuis fin juillet, le plan de relance, présenté aux partenaires sociaux les 18 et 19 août dernier, est censé remettre l'économie du pays sur les rails de la croissance, fragilisée par la chute des cours du brut, l'incertitude politique de 2019 et la crise sanitaire qui sévit dans le pays depuis la mi-mars. Le besoin de réforme en profondeur n'a jamais semblé aussi pressant. Après six années de faible rentabilité du baril de Brent, l'irruption du coronavirus est venue aggraver la crise, ralentir davantage l'économie et compliquer l'équation budgétaire. Le retournement du marché n'est pas pour demain et le mouvement baissier des cours pétroliers pourrait reprendre si tant est que le risque d'une seconde vague de contamination à la Covid-19 venait à se vérifier, ce qui lézarderait l'espoir de relance de l'économie mondiale et de la consommation mondiale de brut par ricochet. Depuis quelques mois déjà, la consommation mondiale de pétrole chute et les prix stagnent autour de 40 à 45 dollars le baril. Insuffisant, bien évidemment, pour soutenir le budget et réduire l'ampleur des déficits budgétaire et courant. Outre le choc extérieur de la mi-2014, dont les répliques à répétition ne cessent de fragiliser les positions financières internes et externes du pays, le gouvernement fait face aux effets de la crise sanitaire sur la croissance ainsi qu'au sempiternel défaut de stratégie économique, dont les maux chroniques ont fini par avoir raison de la résilience de l'économie algérienne face aux chocs externes. Pour ainsi dire, dans les semaines à venir, deux principaux défis se poseront avec davantage d'acuité, à savoir la relance de la croissance par l'investissement et le traitement des stigmates provoqués par la Covid-19, et dont les effets le plus apparents sont la récession (-3,9% au 1er trimestre), les faillites d'entreprises, la hausse du taux de chômage et l'érosion du pouvoir d'achat. our réussir ces défis, et non des moindres, le gouvernement doit mettre le paquet sur l'accélération de l'investissement dans les secteurs à forte valeur ajoutée à travers un soutien financier franc et un important coup de pouce fiscal aux entreprises. Au-delà de l'ampleur de la tâche et des chiffres sur les déficits, la récession, les faillites et le chômage, l'accélération d'une politique de diversification de l'offre domestique et exportable, de libération du potentiel de croissance et de réformes soutenues à tous les niveaux, budgétaires et économiques notamment, s'impose plus que jamais, car plus le temps passe plus la résilience s'affaiblit et la marge de manœuvre se rétrécit. D'autant plus que les déficits promettent d'être insoutenables, soit de -1976,9 milliards de dinars (-10,4% du PIB) pour le déficit budgétaire, alors que la balance des paiements devrait enregistrer un solde négatif de -18,8 milliards de dollars cette année. C'est pourquoi, le plan de relance ne doit pas être un paquet hétéroclite de mesures, mais ciblant les secteurs créateurs de richesses et d'emplois ainsi que les filières en mesure de diversifier et d'accroître l'offre domestique et exportable de biens et services.