Cette rechute des cours du brut entraînerait une hausse des déficits budgétaire et courant et fragiliserait les indicateurs macroéconomiques du pays. Le baril de Brent de la mer du Nord, pétrole de référence pour le Sahara Blend algérien, est tombé dans la matinée d'hier sous les 20 dollars. Emporté par la chute de la demande en or noir et la pression qui s'exerce sur le stockage du brut, il a ainsi atteint son plus bas niveau depuis décembre 2001. À l'heure où l'Algérie continue de subir le choc externe de l'été 2014, cette rechute des cours du brut entraînerait une hausse des déficits budgétaire et courant et fragiliserait, par là même, les indicateurs macroéconomiques du pays. Cette nouvelle dégringolade des cours pétroliers remet au goût du jour la faible résilience de l'économie algérienne face aux chocs externes ; celui de l'été 2014 s'était traduit par une évaporation des avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR) qui caracolait à plus de 5 000 milliards de dinars, mais surtout par une forte érosion des réserves de change, chutant de près de 194 milliards de dollars à 60 milliards actuellement. Depuis, l'Algérie reste confrontée à d'important problèmes de trésorerie, ne disposant plus d'aucun pare-choc financier en interne, alors que les stocks en devises pourraient connaître une fonte accélérée sous l'effet de la hausse des déficits du solde global de la balance des paiements. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques de la région Mena, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que le déficit de la balance du compte courant pourrait atteindre -18,3% du PIB en 2020 et fléchir légèrement à -17,1% l'année suivante. Le groupe bancaire français Crédit Agricole anticipe quant à lui une hausse à plus de 10% du PIB des déficits jumeaux de l'Algérie. Mathématiquement, les exportations algériennes en hydrocarbures pourraient chuter de moitié si les cours du Brent venaient à s'éterniser dans la fourchette de 25 à 35 dollars le baril. Car, sur l'année 2019, l'Algérie avait encaissé 33,24 milliards de dollars en recettes pétrolières et gazières pendant que le Sahara Blend algérien était coté en moyenne à 64,49 dollars le baril. Le déficit commercial pourrait ainsi doubler en 2020, soit à près de 13 milliards de dollars, contre 6,11 milliards en 2019, dans un scénario de faible baisse du niveau des importations. Plus globalement, le déficit de la balance des paiements pourrait s'aggraver, entraînant ainsi une fonte des réserves de change. Le déclin de l'activité économique, aggravé par les mesures de lutte contre la propagation de l'épidémie de Covid-19, entraînerait quant à elle une hausse du déficit budgétaire, lequel était couvert jusqu'ici par les tirages de monnaie au moyen de la planche à billets. Pour ainsi dire, cette rechute des prix pétroliers est venue rendre plus complexe l'équation budgétaire de l'Algérie, confrontée à l'amenuisement des disponibilités en dinars et à une forte érosion des stocks en devises. Sauf surprise, le marché pétrolier connaîtra une longue période de bas prix, compte tenu de la récession qui affecte l'économie mondiale et la surabondance de l'offre. Une des conditions d'une reprise de l'économie algérienne consiste à lancer sans délai des réformes de fond et, probablement, à solliciter, de nouveau, les financements de la Banque d'Algérie, voire des institutions multilatérales.