C'est un véritable “lapin” qui a été posé aux animateurs du mouvement citoyen, hier, du fait qu'un sit-in populaire a été prévu devant le tribunal d'Azazga en croyant que les cinq détenus, Allik Tahar, Makhlouf Lyès, Mohamed Nekkah, Rachid Allouache et Belaïd Abrika, allaient être présentés devant le juge d'instruction à Azazga. Ce n'était, en fait, pas le cas car, craignant sans doute d'éventuelles représailles, le juge instructeur a préféré se rendre lui-même au tribunal de Tizi Ouzou pour auditionner les cinq détenus qui, il y a moins d'une semaine, étaient encore en grève de la faim illimitée. À environ un quart d'heure du début du rassemblement devant le tribunal d'Azazga, les CNS ont intervenu pour disperser une foule qui était nombreuse à venir exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus du mouvement citoyen. Selon des témoins, un délégué d'Ath Ghobri, Arezki Sadaoui, a été roué de coups par des CNS et des policiers en civil à l'intérieur même de l'enceinte judiciaire avant de se faire arrêter, alors que d'autres manifestants subiront le même sort lors des affrontements qui éclateront par la suite, dans plusieurs endroits de la ville : ils seront tabassés et arrêtés. Une dizaine d'arrestations a été recensée et les émeutes étaient d'une rare violence. Des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes ont été utilisés par les CNS qui ont occupé, avec la police, les siège de l'APC et de la daïra ainsi que le tribunal. Les commerçants ont été contraints de baisser rideau. À Tizi Ouzou, c'était le calme. L'information n'ayant pas circulé à temps, les détenus ont été auditionnés sans qu'aucun incident n'eut été signalé. Selon le collectif d'avocats chargé de la défense des détenus, Mohamed Nekkah a été malmené à l'intérieur de la prison pour n'avoir pas voulu se rendre au tribunal, raison pour laquelle il n'a pas été déplacé. Belaïd Abrika, qui a lui aussi été malmené, a été transféré dans une chaise roulante et a exigé qu'on désigne un médecin pour le soigner, vu son état de santé qui s'est dégradé. Il s'agit d'une première audition dans une affaire de séquestration et de soi-disant tentative d'assassinat d'un dialoguiste : Talbi Ali. Un cinquième mandat de dépôt sera à cet effet délivré contre Abrika pour une affaire dans laquelle Rachid Allouache et Mohamed Nekkah sont également impliqués. Allik Tahar et Makhlouf Lyès ont été eux aussi auditionnés hier, pour une instruction de fond, mais les chefs d'inculpation sont, entre autres, “barricadage de routes”, “tentative d'incendie du siège du FFS”, “incendie du siège du FFS”, etc. Aujourd'hui, deux procès sont prévus à Tizi Ouzou et Azazga. Au tribunal de Tizi Ouzou, neuf manifestants arrêtés lors de la marche populaire du 12 janvier dernier seront présentés devant le juge. Au tribunal d'Azazga, cinq délégués seront eux aussi jugés pour “incitation à émeute”. La chambre d'accusation aura aussi à statuer sur l'appel introduit par le collectif d'avocats après le rejet de la demande de liberté provisoire des détenus du mouvement citoyen se trouvant à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou depuis le mois d'octobre dernier, qui seront par ailleurs convoqués mardi et mercredi prochains dans d'autres affaires liées à “l'empêchement des élections”, “outrage à corps constitués”, etc. K. S. TINEBDAR (BEJAIA) Quatre délégués convoqués par le juge Quatre délégués activant au sein de la CICB dans la commune de Tinebdar, A. Mazouzi, M. Brahiti, M. Abdeladin et A. Younès, viennent d'être convoqués par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi-Aïch pour “une instruction de leur dossier ayant trait à leur engagement dans le mouvement citoyen de Kabylie”. Selon l'un des délégués convoqués, les concernés devaient se concerter, hier, pour une décision commune. Celle de répondre à la convocation ou pas. À rappeler que plus d'une dizaine entre délégués et manifestants, dans la commune de Sidi Aïch, ont été auditionnés, la semaine dernière, par les services de la sûreté de daïra de Sidi-Aïch. L. O.