La commission rogatoire sur les évènements de Kabylie a été réactivée et les détenus sont accusés de nouveaux griefs. Belaïd Abrika, Rachid Allouache et Mohamed Nekkah ont été présentés, hier, devant le juge d'instruction, pour être auditionnés dans un dossier dont le contenu a finalement contraint le collectif des avocats de la défense à créer un premier incident, lors de l'instruction, celui de se retirer en bloc. En effet, les avocats se sont rendu compte devant le juge d'instruction que le document qui a trait à la commission rogatoire datée du 28 juillet 2002, qu'ils avaient déjà contesté auparavant, a été ressorti, en exigeant un acte de non-reconnaissance, et ont constaté la gravité des chefs d'inculpation qui y sont énumérés (saccages, incendies commis depuis le début du Printemps noir 2001 et la liste est ouverte !), en relation avec des faits qui se sont déroulés sur le territoire de la wilaya, donc en dehors de la compétence du tribunal de Tizi Ouzou. Un deuxième incident s'est produit lorsque Mohamed Nekkah, diabétique, en liberté provisoire, s'est évanoui devant le juge instructeur qui était en train de lui poser des questions sur les faits cités plus haut. L'instruction a été alors suspendue et, aujourd'hui, c'est sur un autre dossier relatif à l'empêchement des dernières élections locales du 10 octobre dernier que les détenus seront auditionnés. Par ailleurs, le sit-in prévu devant le tribunal a été empêché par la police. Dès la matinée, deux Nissan appartenant aux CNS étaient stationnées devant le tribunal, les policiers ayant investi les lieux pour interdire le rassemblement. Dans le jardin public faisant face à la bâtisse judiciaire, beaucoup de délégués et de citoyens étaient là, hésitants. En apercevant l'ambulance de la Protection civile transportant Mohamed Nekkah, des slogans pour la libération des détenus du mouvement citoyen ont commencé à fuser de la foule, qui était toujours dans I'enceinte du jardin public. Les policiers, sans plus attendre, ont alors fait un assaut sur les lieux afin de disperser les manifestants dont certains ont riposté avec des jets de pierres. Rendez-vous fut donné aujourd'hui devant le même tribunal pour exiger la libération des détenus. À Alger, un deuxième rassemblement des femmes devant le ministère de la Justice est prévu ce jeudi à 14h, à l'appel du Mouvement féminin démocratique autonome qui, dans une déclaration rendue publique, convaincu du caractère légitime et démocratique du mouvement citoyen, appelle tous les citoyens et citoyennes, notamment les signataires de la pétition “Ne les laissons pas mourir”, à venir se rassembler pour “exiger la libération immédiate et inconditionnelle des détenus issus du mouvement citoyen, otages du pouvoir totalitaire” et “asseoir une Algérie moderne et progressiste tournée vers I'universalité”. Il est à signaler, en outre, que Mes Amar Zaïdi et Hakim Saheb ont également été auditionnés, hier, en tant que victimes, dans le cadre de la plainte déposée contre X après l'agression des policiers en civil lors de l'arrestation de Belaïd Abrika dans l'enceinte du tribunal de Tizi Ouzou le 13 octobre dernier. Notons à la fin que le doyen du mouvement citoyen, El-Hadj Amar Bournani, a été mis sous contrôle judiciaire, hier, au tribunal de Larbaâ Nath-Irathen et devra se présenter tous les samedi et mercredi au commissariat pour y émarger suite à une plainte déposée par le P/APC pour “outrage à fonctionnaire en exercice”. K. S.