Le président nigérien a rappelé hier que la Cédéao avait pris des sanctions et demandé à la junte militaire de regagner les casernes et la mise en place d'une transition, d'une durée de 12 mois maximum, dirigée par des civils. La Cédéao (Communauté économique des Etats ouest-africains) a une nouvelle fois mis la pression sur la junte militaire qui a pris le pouvoir au Mali, le 18 août dernier, après le coup d'Etat contre le président Ibrahim Boubakar Kieta, évacué, dimanche, officiellement pour des soins aux Emirats arabes unis. Réunis hier dans la capitale nigérienne Niamey, les membres de la Cédéao ont passé en revue les derniers développements au Mali, notamment en ce qui concerne les garanties avancées par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) sur la remise du pouvoir aux civils, après une période de transition dont la durée reste à définir. Le président nigérien Mahamadou Issoufou, également président en exercice de la Cédéao, a rappelé, lors de l'ouverture des travaux de cette rencontre, la nécessité d'un "retour rapide des civils au pouvoir" après une transition courte ne dépassant pas "12 mois". "Il est du devoir de notre communauté d'assister les Maliens en vue d'un rétablissement rapide de toutes les institutions démocratiques. La junte militaire doit nous aider à aider le Mali", a affirmé M. Issoufou. "D'autres partenaires stratégiques du peuple malien fondent le même espoir", a-t-il encore insisté. Le président nigérien a rappelé en outre que la Cédéao avait "pris des sanctions et demandé à la junte militaire de regagner les casernes (...) et la mise en place d'une transition, d'une durée de 12 mois maximum, dirigée par des civils". Le 28 août, lors d'un sommet extraordinaire de la Cédéao sur le Mali, le président Issoufou avait indiqué que les sanctions seraient "levées progressivement en fonction de la mise en œuvre" des mesures permettant un retour des civils. Ces sanctions (fermeture des frontières, embargo sur les échanges financiers et commerciaux) sont toujours en vigueur, rappelle-t-on. Point clivant, la durée et la forme de la période de transition restent les principales problématiques entre, d'une part, la junte militaire qui demande une période d'au moins deux ans, alors que la Cédéao, mais aussi la communauté internationale, réclame à ce que la transition ne prenne pas plus de 12 mois. Si la position de la Cédéao doit radicalement changer, affirme un responsable qui a pris part à la réunion de la Cédéao, "il faut que la junte accepte une transition de pas plus de 12 mois, un président et un Premier ministre de transition civile". Reste à savoir comment les militaires mutins vont réagir à ces nouvelles pressions. La junte qui a actuellement le pouvoir au Mali a montré, rappelle-t-on, des signes de bonne volonté, d'ouverture et de collaboration, en insistant sur l'intérêt du pays. Samedi dernier, le CNSP a engagé de larges consultations au Mali pour définir justement les modalités de la transition. Cette première phase de concertation a regroupé des partis de l'opposition, des syndicats ainsi que plusieurs associations de la société civile. Elle constitue un premier pas et "une évolution positive", selon plusieurs observateurs maliens, pour le processus de rétablissement de l'ordre constitutionnel. Les travaux sur la validation des termes de référence (TDR) des futures assises nationales sur la transition au Mali, prévues les 10, 11 et 12 septembre à Bamako, pour le transfert du pouvoir aux civils, se sont achevés samedi soir. "Le but de cet atelier de validation était de proposer des amendements et corrections éventuels aux termes de référence de la concertation nationale", a expliqué dimanche Youssouf Coulibay, conseiller juridique du comité mis en place par les militaires mutins. Ces recommandations sinon amendements vont être remis ultérieurement à un groupe d'experts désignés par le CNSP pour préparer les concertations prévues dans moins d'une semaine avec la participation de délégués régionaux et de membres de la diaspora, selon des médias maliens qui citent des organisateurs et des participants.