Sylvan Shalom, le chef de la diplomatie de l'Etat hébreu, estime que le moment est propice pour un rapprochement entre Israël et les pays arabes et musulmans. Harcelant pratiquement certains de ses homologues arabes et musulmans, le ministre israélien des Affaires étrangères ne recule devant rien pour parvenir à une normalisation. Ne possédant au jour d'aujourd'hui des relations diplomatiques officielles qu'avec trois pays arabes, Jordanie, Egypte et Mauritanie, et un pays musulman, à savoir la Turquie, les diplomates israéliens ont mis à profit le sommet mondial de l'Onu pour tenter de fructifier le retrait de leur armée de la bande de Gaza. “Je suis sûr que c'est le moment pour eux et pour nous de progresser vers de meilleures relations et, peut-être, vers des relations diplomatiques complètes”, a affirmé Sylvan Shalom à New York au siège des Nations unies, à la suite de son entretien, lundi, avec le chef de la diplomatie tunisienne, Abdelwahab Abdallah. Il a clairement déclaré qu'il saisira toute opportunité pour avoir d'autres entretiens avec des ministres de pays arabes et musulmans, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Il semble déterminé à atteindre son objectif comme l'indique sa déclaration : “Je travaille très dur à l'amélioration de nos relations avec le monde arabe et musulman.” Débordant d'ambition, le diplomate israélien estime que le rapprochement pourrait aller jusqu'à l'ouverture de relations diplomatiques. Ces déclarations sont corroborées par le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr al-Thani. Ce dernier n'a, en effet, pas exclu la possibilité d'établir des relations diplomatiques entières avec Israël, avant la création de l'Etat palestinien, tout en soulignant que cela pourrait être lié au progrès du processus de paix, après des discussions officielles, jeudi à New York, avec le chef de la diplomatie israélien. Opérant graduellement, Sylvan Shalom avait eu un premier contact, au début du mois à Istanbul, avec son homologue pakistanais Khurshid Kasuri, qu'il a qualifié de “rencontre historique”. Outre les pays arabes, Israël lorgne du côté des Etats musulmans d'Asie du Sud-Est, à commencer par l'Indonésie, le plus grand pays musulman du monde. Une rencontre secrète a eu lieu à New York entre le ministre indonésien des Affaires étrangères, Hassan Wirayuda, et Shalom pour préparer le terrain à d'autres contacts. Officiellement, Djakarta exige “un Etat palestinien souverain”, avant l'établissement de relations diplomatiques avec l'Etat hébreu, mais à l'instar de nombreux pays arabes et musulmans, dont une dizaine avait été citée il y a quelques moins par des officiels israéliens, elle entretient des contacts discrets avec Tel Aviv. Quant au Palestiniens dans cette histoire, ils ne sont guère enthousiastes pour une normalisation avec Israël. “Il est encore prématuré pour que les Arabes et les musulmans envisagent de renoncer à l'engagement de non normalisation avec Israël, celui-ci n'ayant pas encore honoré ses engagements et n'ayant pas encore évacué tous les territoires palestiniens occupés”, a déclaré, à ce sujet, le Chef du gouvernement palestinien, Ahmed Qoreï, au journal jordanien Ed-Doustour, il y a de cela une semaine. Clair, net et précis ! K. ABDELKAMEL