À chaque fois que des tentatives de rapprochement entre l'Etat hébreu et les pays arabes sont amorcées, l'opposition de la rue est réitérée. La réaction hostile des Mauritaniens à la visite du ministre israélien des Affaires étrangères dans leur pays, hier et avant-hier, constitue un avant-goût de ce qui attend les dirigeants arabes désireux de normaliser leurs relations avec Israël. Pourtant, la République islamique de Mauritanie entretient des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. Les manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par des policiers antiémeute, qui étaient visibles en différents endroits de la ville, et plus particulièrement devant le campus de l'université. Des graffitis slogans anti-israéliens peints en noir, écrits en arabe et non signés, étaient visibles sur les murs d'établissements scolaires et universitaires, de mosquées ainsi que sur des bâtiments privés. Shalom est qualifié de “criminel appartenant à l'équipe du pire criminel, Ariel Sharon”. “Non aux relations honteuses avec les sionistes !”, “À bas l'attitude du gouvernement mauritanien !”, “À bas le régime pro-israélien !”, pouvait-on lire également. Le mois dernier, la Tunisie a également connu une effervescence extraordinaire, à la suite de l'invitation adressée par Zine Al Abidine Ben Ali pour une visite à Tunis entrant dans le cadre de la tenue, en novembre prochain, d'un sommet de la Société mondiale des systèmes de l'information. Une véritable levée de boucliers a eu lieu au sein du milieu associatif tunisien. Les tentatives de manifestations contre la venue d'Ariel Sharon ont été sévèrement réprimées par les forces de sécurité tunisiennes, comme ce fut le cas à Nouakchott, avant-hier, à l'annonce de l'arrivée de Sylvan Shalom. En Egypte, l'on assiste au même phénomène à chaque fois qu'un officiel israélien se rend au Caire ou vice-versa. À la moindre occasion, la rue arabe montre son hostilité envers Israël, surtout lorsque les images des dépassements de l'armée israélienne vis-à-vis du peuple palestinien sont rapportées par les chaînes de télévision. Plusieurs villes arabes vivent alors des manifestations de soutien aux Palestiniens et de dénonciation des actes de répression d'Israël. Cet état de fait constitue un véritable obstacle pour les dirigeants arabes, adeptes de la normalisation israélo-arabe. Ces derniers ont tenté de manœuvrer lors du dix-septième Sommet ordinaire de la Ligue arabe d'Alger, dans l'espoir d'entraîner dans leur sillage leurs homologues neutres ou opposés à l'opération, en vain. Devant le refus des chefs de la diplomatie arabe de soumettre aux souverains, chefs d'Etats et de gouvernements arabes la proposition telle que soumise la première fois par le ministre jordanien des Affaires étrangères, Abdallah II, avait tout simplement fait l'impasse sur le rendez-vous en prétextant une réunion avec des investisseurs américains. L'on s'est alors limité à renouveler l'offre présentée par le prince héritier saoudien Abdallah lors du Sommet de Beyrouth, en 2002, consistant en un échange de “la terre contre la paix”. Israël, qui ne cessait de clamer haut et fort qu'elle allait nouer des relations diplomatiques avec une dizaine de pays arabes, quelques jours seulement après le dernier Sommet de la Ligue arabe, a catégoriquement rejeté l'offre de paix d'Alger. Dans l'attente de la conclusion d'un accord de paix israélo-palestinien, qui paraît encore lointain au vu du peu d'empressement dont font preuve les Israéliens à faire avancer le processus de paix, c'est le statu quo. K. A.