Une nouvelle “affaire” de financement électoral éclaboussait, hier, le Premier ministre israélien Ariel Sharon alors qu'il entame une partie très serrée avec son rival Benjamin Netanyahu pour la direction du Likoud, le grand parti de la droite. La chaîne de télévision privée “10” a révélé que M. Sharon avait participé en secret, lundi soir, à New York, à un dîner privé, dont les invités ont versé chacun 10 000 dollars pour financer sa campagne contre Benjamin Netanyahu. Selon la télévision, la somme demandée est doublement illégale car la campagne électorale n'est pas encore ouverte et le montant maximum qu'un candidat peut obtenir de la part d'un couple de donateurs est de 7 800 dollars. Ces révélations tombent d'autant plus mal que M. Sharon et son fils Omri, député du Likoud, ont été impliqués ces dernières années dans un dossier de financement illégal d'une campagne électorale. Omri Sharon a été inculpé à la fin août, tandis que son père échappait à des poursuites faute de preuves. Au début août, M. Netanyahu a démissionné de son poste de ministre des Finances en raison de son opposition au plan de retrait d'Ariel Sharon de la bande de Gaza avant d'annoncer qu'il briguait la direction du Likoud. Les deux hommes s'apprêtent à s'affronter lundi prochain devant quelque 3 000 membres du comité central du Likoud. Cette instance doit décider de la date des primaires destinées à désigner celui qui mènera le grand parti de la droite aux prochaines législatives. M. Netanyahu souhaite que ces primaires aient lieu le plus vite possible en novembre pour profiter de l'avantage que lui confèrent les sondages. M. Sharon entend, au contraire, que ce scrutin ait lieu au printemps en espérant que le “traumatisme” provoqué par le retrait de Gaza parmi les membres du comité central s'estompera d'ici là. Une défaite devant le comité central équivaudrait pour le Premier ministre à une destitution, estiment les commentateurs dont la plupart prévoient que, dans cette hypothèse, M. Sharon fera scission et provoquera un “big-bang” politique en créant un parti centriste. Le dîner, à l'origine du scandale, a été organisé par Mme Nina Rosenwald, une des actionnaires de la chaîne de distribution américaine Sears et a réuni entre 40 et 50 personnes, selon la télévision. Dans la lettre qui accompagnait l'invitation, Mme Rosenwald souligne que “malheureusement Sharon ne bénéficie par d'un soutien financier équivalent à celui dont Benjamin Netanyahu jouit depuis des décennies auprès de nombreux dirigeants de la communauté financière internationale”. “C'est pourquoi nous avons le plaisir de vous demander s'il vous est possible de faire un don totalement déductible des impôts de 10 000 dollars par couple pour une organisation à but non-lucratif, qui opère dans tout Israël et s'est montrée particulièrement efficace pour transporter les gens dans les bureaux de vote (....) L'avenir d'Israël est littéralement en jeu”, souligne cette lettre rendue publique par la télévision.