Après la réunion de la Cédéao consacrée au Mali, les militaires mutins ont aussitôt entamé leurs consultations pour la désignation des responsables appelés à diriger la transition, mais rien n'indique que ces derniers seront des civils comme réclamé par les pays voisins. Le Mali s'expose à un "embargo total" de la Cédéao (Communauté des Etats ouest-africains) si les militaires désormais au pouvoir ne nomment pas rapidement un président et un Premier ministre de transition civils, a affirmé le porte-parole des militaires mutins mercredi soir. Le CNSP (Conseil national pour le salut du peuple) a commencé le processus de désignation de ces responsables appelés à diriger le Mali le temps d'une transition ramenant les civils définitivement au pouvoir, a indiqué le colonel Ismaël Wagué, mais rien n'indique que ces personnalités seront des civils comme l'exige la Cédéao. "Toutes les options sont sur la table", a-t-il déclaré. Les dirigeants ouest-africains, réunis mardi au Ghana, ont pressé la junte de nommer immédiatement un président et un Premier ministre de transition qui soient des civils. "Cet état de fait expose le Mali à la prolongation des sanctions émises à son encontre", a fait remarquer Akufo-Addo, le président ghanéen et président en exercice de la Cédéao, précisant qu'aucune nouvelle sanction n'a été prise contre les militaires à l'origine du changement inconstitutionnel ayant conduit à la démission forcée de l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). "Le pays ne peut plus se permettre de retarder encore la nomination d'un gouvernement responsable. Cette affaire doit maintenant être réglée", a insisté M. Akufo lors d'un point de presse, mardi, à l'issue de la réunion de la Cédéao sur le Mali, tenue au Ghana. La Cédéao lèvera les sanctions imposées le 20 août, deux jours après le changement anticonstitutionnel au Mali qui a vu le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, aussitôt que ces deux responsables auront été désignés, dit le communiqué final du sommet. Les représentants du CNSP venus au Ghana ont demandé à la Cédéao de leur "donner du temps" pour rentrer et mener les consultations nécessaires, a dit le colonel Wagué au camp de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, où les militaires ont leurs quartiers. Il a clairement signifié que la préférence du CNSP allait à une transition militaire, et assuré que c'était aussi celle de la majorité des Maliens, exprimée lors de concertations avec les partis politiques et la société civile la semaine passée. Mais il a dit la volonté de prendre en compte les attentes de la Cédéao. La Cédéao, qui demandait que la transition n'excède pas 12 mois, a accepté qu'elle en dure 18, comme voulu par les militaires. Mais "ils ont dit que leurs conditions ne sont pas négociables", a souligné le colonel Wagué. "Ils ont même dit que, pour le moment, les sanctions ne sont pas encore dures (...) Si on insiste, ils sont en mesure de faire un embargo total, c'est-à-dire fermer totalement les frontières : rien ne rentre, rien ne sort et nous serons asphyxiés rapidement", a-t-il rapporté. La Cédéao a décidé, le 20 août dernier, l'arrêt des échanges financiers et commerciaux avec le Mali, à l'exception des produits de première nécessité, des médicaments, des équipements de lutte contre la Covid-19, des produits pétroliers et de l'électricité. Le CNSP n'a pas obtenu mardi la levée ou l'allègement de ces mesures. Celles-ci préoccupent dans un pays enclavé confronté à un profond marasme économique, en plus de la propagation du terrorisme, des violences communautaires et de la défaillance généralisée de l'Etat.