Après l'échec de la résolution américaine à l'ONU, le 20 août dernier, visant à prolonger l'embargo sur la vente d'armes à l'Iran, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a déclenché samedi soir une procédure controversée appelée "snapback". Seuls contre tous. Les Etats-Unis ont proclamé, unilatéralement, le retour des sanctions de l'ONU contre l'Iran, provoquant un véritable tollé international, après notamment les déclarations surprenantes du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, qui, en plus d'assurer la reprise de ces sanctions, menace les pays membres de l'ONU de "sanctions secondaires", si ces derniers n'appliquent pas ces mesures qualifiées d'"imaginaires" par l'Iran. "Aujourd'hui, les Etats-Unis saluent le retour de quasiment toutes les sanctions de l'ONU contre la République islamique d'Iran auparavant levées", a déclaré le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, dans un communiqué, dans la nuit du samedi à dimanche. Selon lui, ces mesures punitives sont "à nouveau en vigueur" depuis samedi 20h (minuit GMT dimanche), ajoutant que "si des Etats membres de l'ONU ne remplissent pas leurs obligations pour appliquer ces sanctions, les Etats-Unis sont prêts à utiliser leurs propres outils pour punir ces défaillances", a prévenu Mike Pompeo. Il a promis que des "mesures" américaines seraient annoncées "dans les prochains jours" contre "ceux qui violent les sanctions de l'ONU". Mais pour le reste du monde, il n'a jamais été question d'un retour des sanctions de l'ONU. La politique de Washington de "pression maximale" sur l'Iran s'est transformée en "isolement maximal" pour les Etats-Unis, a réagi hier le président iranien Hassan Rohani, après que les grandes puissances ont rejeté l'annonce américaine du rétablissement des sanctions onusiennes contre Téhéran. La Russie, la Chine, mais aussi les alliés européens des Américains contestent en effet cette affirmation. "Toute décision ou mesure prise dans l'intention de rétablir" les sanctions "n'aura aucun effet juridique", avaient répondu par avance la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne dans une lettre commune adressée vendredi à la présidence du Conseil de sécurité. Les Américains "se rendent compte eux-mêmes qu'il s'agit d'une déclaration mensongère", a aussi assuré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. "Les initiatives et actions illégitimes des Etats-Unis ne peuvent par définition avoir de conséquences internationales légales pour les autres pays", a, pour sa part, déclaré hier le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Comment Mike Pompeo s'est-t-il fendu d'une déclaration aussi spectaculaire, se mettant à dos l'ensemble de la communauté internationale ? Il faut remonter à la mi-août, lorsque l'administration Trump essuie un revers retentissant au Conseil de sécurité de l'ONU dans sa tentative de prolonger l'embargo sur les armes conventionnelles visant Téhéran, qui expire en octobre. Accusant dans une attaque d'une rare violence Paris, Londres et Berlin d'avoir "choisi de s'aligner sur les ayatollahs" au pouvoir dans la République islamique, Mike Pompeo déclenche le 20 août une procédure controversée surnommée "snapback" et censée rétablir un mois plus tard toutes les sanctions de l'ONU contre l'Iran. Ces sanctions, rappelle-t-on, avaient été levées en 2015, quand Téhéran s'était engagé, dans un accord international, à ne pas se doter de l'arme nucléaire. Mais le président Trump, jugeant insuffisant ce texte négocié par son prédécesseur, Barack Obama, en a retiré en 2018 les Etats-Unis, qui ont dans la foulée rétabli leurs propres sanctions bilatérales. À présent, dans une pirouette juridique, les Etats-Unis invoquent leur statut de pays "participant" à cet accord, qu'ils ont quitté pourtant avec fracas, dans le seul but d'activer le "snapback". La capacité de Washington à se prévaloir de ce statut est contestée par la quasi-totalité des autres pays membres du Conseil de sécurité, qui n'a donc pas donné suite à la démarche. L'administration Trump fait désormais comme si les sanctions internationales étaient de retour, tandis que les autres puissances entendent faire comme si de rien n'était.