Chef de file de la médiation internationale ayant abouti à l'accord de paix signé à Alger entre Bamako et les mouvements indépendantistes du Nord, l'Algérie, redoutant sans doute une dégradation de la situation, particulièrement au Nord et compte tenu de la nouvelle situation, entend visiblement peser de tout son poids pour, d'une part, sauver cet accord, et, d'autre part, aider les "frères maliens" à réussir une "transition apaisée". Et c'est sans doute ce qui explique ce qui s'apparente à un forcing d'Alger pour reprendre la main dans cette région, sa profondeur stratégique, après l'éclipse de sa diplomatie ces dernières années en raison de la situation interne et des contingences politiques y prévalant. "M. Sabri Boukadoum a mis en exergue l'intérêt particulier, maintes fois exprimé par le président de la République, que porte l'Algérie à la stabilité et à la sécurité du Mali et sa solidarité sans faille avec le peuple malien frère", a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères, repris par l'agence officielle, au terme d'une rencontre qu'il a tenue avec de nombreux acteurs politiques maliens. "Dépêché" par Abdelmadjid Tebboune, ce qui suggère en filigrane le caractère d'urgence que revêt la visite, Sabri Boukadoum a rencontré notamment le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, le charismatique chef religieux salafiste, considéré comme un "faiseur de rois", Mahmoud Dicko, et le président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo ainsi que le vice-président, Malick Diaw et le porte-parole, Ismael Wague. M. Boukadoum a également rencontré l'ancien Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga, Zahabi Ould Sidi Mohamed, ancien ministre et président de la Commission désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger, Sidi Brahim Ould Sidati, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l'Azawad au comité de suivi de l'accord d'Alger (CSA) et des représentants des mouvements de la plateforme signataires de l'accord. Aussi a-t-il tenu en outre une réunion de concertation avec les chefs de la mission de l'ONU, de celle de l'Union africaine (UA) au Mali, ainsi qu'avec les représentants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'Union européenne (UE) et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité onusien, selon le communiqué. C'est dire l'intense activité qu'il a eue au cours de ce bref séjour.