Le portefeuille des Finances a constitué le principal obstacle pour la formation du gouvernement libanais. La solution à l'impasse politique au Liban qui peine à former un gouvernement, près d'un mois après la démission du Premier ministre Hassan Diab, au lendemain des explosions dans le port de Beyrouth, vient peut-être de l'ancien chef du gouvernement Saad Hariri, président par ailleurs du parti sunnite Le Courant du futur. Ce dernier a proposé, mardi soir, la désignation à la tête du ministère des Finances, un portefeuille qui a bloqué jusqu'ici la formation du cabinet de Mousthapha Diab, d'une personnalité issue de la communauté chiite pour dénouer la crise politique dans ce pays, qui continue de s'enfoncer inexorablement dans une crise économique sans précédent. M. Hariri a présenté sa proposition comme une opération de "sauvetage ultime" et un "sacrifice" qu'il aurait "consenti" pour épargner au pays un blocage de plus et remettre ainsi sur les rails l'initiative française, en panne aussi en raison de l'insistance des deux formations chiites, le Hezbollah et son pendant Amal, à désigner leur propre ministre aux Finances. Saad Hariri a affirmé "souscrire au principe de la désignation, exceptionnellement cette fois-ci, d'un chiite à ce portefeuille sans que cela se consacre en coutume à l'avenir", rapporte la presse libanaise. Toutefois, si M. Hariri a accepté de concéder aux deux partis chiites le principe d'un ministre issu de leur communauté, il a cependant posé ses conditions, à savoir la désignation par M. Adib lui-même du futur ministre des Finances et qui soit "indépendant des deux partis". Une suggestion, selon le média libanais L'Orient-Le jour, que ni Amal ni le Hezbollah ne conteste en principe. Selon ce média libanais, cette ultime solution aurait même été envisagée par la cellule de crise française chargée du dossier libanais, consistant en effet à opter pour un candidat chiite qui aurait obtenu aussi bien le feu vert du tandem chiite ainsi que des institutions financières internationales dont le FMI, incontournable pour les réformes exigées pour l'assainissement des finances du pays. Preuve en est, le Quai d'Orsay a d'ailleurs salué dès hier l'initiative présentée par Saad Hariri la veille pour dénouer les tractations pour la formation du gouvernement. "La France salue la déclaration courageuse de Saad Hariri qui démontre ainsi son sens des responsabilités et de l'intérêt national du Liban", a affirmé la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll. Elle a ajouté dans la matinée d'hier que cette initiative représente "une ouverture dont chacun doit bien mesurer l'importance afin qu'un gouvernement de mission soit maintenant mis en place", soulignant que ce cabinet est attendu "par les Libanais de même que par les partenaires internationaux du Liban et tous ceux qui veulent, de bonne foi, lui venir en aide dans ce moment critique".