Les pressions internationales, de la France notamment, pour la formation d'un gouvernement au Liban ne semblent d'aucun effet sur une classe politique libanaise qui montre une nouvelle fois son incapacité à dépasser ses clivages, alors que le pays s'effondre. La formation du gouvernement au Liban est en passe de virer à une nouvelle crise politique faute d'accord entre les différentes formations politiques, alors que le pays est plongé dans sa pire récession économique sur fond d'une fronde sociale de plus en plus menaçante. Prévu initialement la semaine dernière, le nouveau cabinet du Premier ministre désigné, Moustapha Adib, peine à voir le jour en dépit de l'engagement des partis politiques, début septembre, à l'initiative du président français Emmanuel Macron, à former un gouvernement de "mission" composé exclusivement de personnalités "compétentes" et "indépendantes", dans un délai de deux semaines. Plus de trois semaines après, ce processus piétine encore. Les divergences sur l'attribution des portefeuilles ministériels refont surface, bloquant ainsi un processus pourtant urgent. Le principal obstacle vient, selon la presse libanaise, de l'influent mouvement chiite Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise, et de son allié Amal, dirigé par le chef du Parlement Nabih Berri, qui exigent le portefeuille des Finances. "Les maux des Libanais (...) nécessitent la coopération de toutes les parties afin de faciliter la formation d'un gouvernement de mission avec un programme spécifique que ces forces s'étaient engagées à soutenir", a souligné Moustafa Adib hier dans un appel aux partis politiques à laisser de côté les intérêts partisans dans la conjoncture actuelle que vit le pays et qui nécessite la mobilisation de tous. M. Adib a invité toutes les forces politiques à "œuvrer immédiatement et sans délai pour le succès de l'initiative française, qui ouvre la voie au sauvetage du Liban et met fin à la détérioration accélérée" de la situation générale. Mission complexe, quand on sait le poids du multiconfessionnalisme dans un pays où la politique des quotas a toujours régi la vie institutionnelle. À cela s'ajoute le contexte du moment qui fait que le pays du Cèdre vit depuis un an l'une des pires crises économiques, sociales et politiques de son histoire, marquée par une dégringolade de sa monnaie nationale, une hyperinflation et une paupérisation à grande échelle de la population. Une crise qui a été amplifiée par la pandémie de Covid-19 et l'explosion tragique le 4 août au port de Beyrouth, ayant catalysé la mobilisation de la communauté internationale. "Tout retard supplémentaire aggraverait la crise", a mis en garde M. Adib. "Je ne pense pas que quiconque puisse avoir sur sa conscience d'avoir causé davantage de peine à ce peuple", a-t-il ajouté, assurant vouloir poursuivre ses efforts en coopération avec le chef de l'Etat Michel Aoun pour former un nouveau cabinet. Les médias libanais pronostiquaient une possible démission de M. Adib en raison des complications et de son incapacité à convaincre les partis politiques à s'entendre sur un minimum. La communauté internationale, particulièrement la France, continue de son côté de faire pression sur le Liban en exigeant des réformes en contrepartie d'un soutien international de plusieurs milliards d'euros.