Près de 8 400 affaires d'imitation de produits de consommation et de falsification de documents officiels ont été traitées par les services de la Sûreté nationale entre 2001et 2004. Ces chiffres ne reflètent pas l'ampleur du phénomène, qui reste mal maîtrisé en Algérie. C'est ce qui ressort, en substance, de la conférence de presse, animée conjointement par le sous-directeur des affaires économique et financière, Belkacem Lamara, et le sous-directeur de la police scientifique et technique, Ali Ferrag, hier au laboratoire de la police scientifique à l'issue d'une réunion de trois jours des experts du bassin méditerranéen occidental. “Nous avons quelques compétences en la matière, mais nous nous formons encore”, a reconnu Ali Ferrag. “Nous ne savons pas avec exactitude combien de réseaux de la contrefaçon sont organisés dans notre pays”, a affirmé sans détour M. Lamara. Il a quelque peu reproché aux propriétaires des marques imitées de ne pas participer activement à la lutte contre ce trafic aux côtés des services de la police, mais aussi des brigades commerciales de contrôle de qualité et contre la fraude. “Ils vont directement aux procès au lieu de saisir nos services. Pourtant, toutes les enquêtes sur des affaires portées à notre connaissance ont abouti”, certifie-t-il. Il a précisé que le tiers des affaires bouclées en quatre ans, soit 2 898, mettent en cause des étrangers provenant principalement des pays de l'Afrique noire et du Moyen-Orient. Evidemment, le trafic des faux passeports et des faux visas inquiète beaucoup les autorités algériennes, mais aussi celles des pays des deux rives de la Méditerranée. Ce réseau, qui active presque librement aux abords des frontières algéro-maliennes et algéro-nigériennes, tend à avoir des ramifications dangereuses avec des groupes terroristes. Les filières de la contrefaçon, sont quant à elles, bien identifiées, puisqu'elles convergent presque toutes vers l'Asie. Par manque d'expérience, l'Algérie s'attaque, pour l'heure, aux articles touchant la santé publique (produits pharmaceutiques et cosmétiques) et la sécurité (pièces détachées des véhicules, appareils d'électroménagers, robinetterie…). Pour mieux appréhender le phénomène à l'avenir, la Sûreté nationale escompte une grande coopération technique de la part des Etats de la rive nord de la Méditerranée. Cette demande figure en bonne place dans la liste des recommandations, qui sera soumise à l'approbation du conseil des ministres de l'Intérieur des dix pays méditerranéens. Autres recommandations des experts, le durcissement des sanctions (pénalités pécuniaires assorties de peines privatives de liberté) ; standardisation des protocoles d'expertise et mise en place d'un comité permanent de suivi, de prévention et de lutte contre la contrefaçon. S. H.