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Hasni, "mazel kayen l'espoir"...
Commémoration du 26e anniversaire de son assassinat
Publié dans Liberté le 30 - 09 - 2020

Surnommé le Rossignol du raï ou le Julio algérien, cheb Hasni est le chanteur romantique par excellence qui aborde sans ambiguïté des thèmes chers à la jeunesse mais qui restent encore tabous dans une société qui s'ostracise de plus en plus. Il chante l'amour, le plaisir, la séduction, le désir, le chagrin... Il a été assassiné le 29 septembre 1994, de deux balles à Oran.
Jeudi 29 septembre 1994, Hasni Chakroun, plus connu sous son nom de scène cheb Hasni, est assassiné de deux balles dans la tête à 11h10, à quelques mètres de son domicile, situé à Gambetta, un des quartiers populaires d'Oran. Transporté à l'hôpital, son décès est constaté. Il était âgé de 26 ans. Deux ans auparavant, il avait chanté Galou Hasni mat pour répondre à des rumeurs le donnant pour mort.
Que reste-t-il de son héritage, 26 ans après son trépas ? Né le 1er février 1968, celui qui deviendra quelques années plus tard l'un des porte-drapeaux du raï et chef de file des raïmen lovers grandit au sein d'une famille algérienne classique, entouré de ses six frères et sœurs, son père soudeur et sa mère qu'"il aimait beaucoup", comme le confirme Ferhat Bemrah, son bassiste au sein du groupe Les Sailors.
Ce dernier se rappelle du chanteur qu'il a côtoyé pendant six ans, de 1988 jusqu'à son assassinat. "Il a débuté un peu jeune avec les musiciens de quartier, et puis quand il a commencé à se faire connaître, il a rejoint notre groupe qui comprenait aussi Mami et Sahraoui."
Ferhat Bemrah soulignant ses qualités humaines et sa gentillesse, "un gars magnifique, très sage, humble", se souvient de ce jeudi et raconte : "On avait rendez-vous à 11h30-midi dans le studio d'enregistrement au Front de mer pour enregistrer la chanson My way en arabe bien sûr, et nous on devait faire la musique."
Arrivé le premier, après avoir déposé sa famille, on fait part aux musiciens des rumeurs qui circulent. "J'ai dit à la personne d'appeler Boualem Disco Maghreb pour en savoir plus et le producteur nous a confirmé la nouvelle."
Notre interlocuteur ajoute que le soir même "Sahraoui, Fadéla et trois membres de notre groupe sont partis en France via Oujda". Il se rappelle également de la tournée américaine : "On était à Las Vegas et avant de rejoindre Washington et de rentrer, il prenait des photos et nous a regardés avant de nous dire ‘'voir Las Vegas et mourir''."
Après les Etats-Unis, le groupe part en tournée en France avec quatre ou cinq galas à Paris puis rentre en Algérie après une absence de presque deux mois.
"Il devait signer son premier contrat avec la maison Virgin, et nous, nous devions prendre l'avion mais il a refusé de rester un jour de plus, sa mère lui manquait trop. On a voulu le dissuader de nous accompagner et rester signer son contrat, mais quelques minutes avant l'enregistrement, il s'est ramené." Comme tous les Algériens, Hasni aimait jouer au football.
Il avait tenté sa chance avec l'un des clubs phare de la ville, l'ASCO, mais à 15 ans, il se blesse sur le terrain et séjourne à l'hôpital pendant plusieurs semaines. Un clin d'œil d'un destin croisé avec Julio Iglesias qui avait également connu la même trajectoire avant de se consacrer à la chanson. Se rendant à l'évidence qu'il ne pouvait plus faire carrière dans le foot, Hasni se tourne très vite vers la scène.
La première fois qu'il avait chanté en public, c'était dans un mariage lorsqu'il interpréta la chanson El-Marsem avec l'orchestre de Nouri Kada et se fait remarquer par un producteur bien installé sur la place d'Oran. À seulement 18 ans, il enregistre sa première cassette dans laquelle il interprète trois chansons en duo avec cheba Zahouania dont son premier véritable tube Darna l'amour fi baraka m'ranika et lance ainsi sa carrière artistique.
À sa mort, il lègue plus de 130 albums, comprenant plus de 400 chansons. Surnommé le Rossignol du raï ou le Julio algérien, cheb Hasni est le chanteur romantique par excellence qui aborde sans ambiguïté des thèmes chers à la jeunesse mais qui restent encore tabous dans une société qui s'ostracise de plus en plus.
Il chante l'amour, le plaisir, la séduction, le désir, le chagrin, d'une façon directe et le choix de ses chansons ne fait pas l'unanimité.
Contrairement à Matoub Lounès, cheb Hasni n'était pas engagé politiquement, sa vraie passion étant tournée vers la scène, mais sa mort a bouleversé ses millions de fans, orphelins du jour au lendemain de la voix qui les représentaient. El Visa, Gaâ n'sa, Mazel kayen l'espoir, Ghir matebkich..., autant de tubes immortels que fredonnent encore et toujours ses inconditionnels et que reprend la nouvelle vague de raïmen aujourd'hui.

SAID OUSSAD


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