Par : Hakem Bachir Porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie
La date de la rentrée scolaire 2020-2021 n'a pas encore été décidée. Pendant ce temps, la durée du retard observé par les élèves ne cesse d'augmenter. La rupture des enseignants et des élèves avec la classe va bientôt atteindre 8 mois. Cette situation inédite en Algérie demande une programmation et des décisions courageuses à plusieurs niveaux aussi bien psychologiques, pédagogiques qu'organisationnelles pour rattraper le retard énorme et sauver l'éducation en Algérie. Il est vrai que la responsabilité est grande, car si protéger tous les élèves et les adultes est l'objectif majeur de l'Etat, assurer l'éducation pour tous est une nécessité indiscutable. Une rentrée scolaire ne doit pas obéir à des feuilles de route politiques. Cette année spéciale demande beaucoup de courage et de responsabilités, car l'objectif de cette rentrée 2020 est d'accueillir tous les élèves dans un cadre serein, propice aux apprentissages et à la reprise de la vie collective. L'état est dans l'obligation de déployer tous les moyens nécessaires pour permettre la remise à niveau des élèves ayant le plus souffert de la période de confinement. Il ne s'agit pas là de faire du copié-collé, car ce qui a été appliqué dans d'autres pays pour sortir faire sortir de l'impasse dans laquelle la Covid-19 a placé le monde entier pour l'année scolaire 2020-2021 obéit aux moyens humains et logistiques de chaque état. Nos infrastructures et nos moyens humains ne nous permettent pas en employant toutes les solutions et idées observées ailleurs à sauver l'éducation et rattraper le retard qui dépassera sûrement 8 mois, si la reprise est faite après le 1er novembre, date du référendum. La solution doit être algérienne avec les moyens propres au pays. Nous avons toujours crié haut et fort depuis longtemps à avoir des classes de maximum 25 élèves, un allègement des programmes, une réforme du baccalauréat, une refonte de l'enseignement pour sauver l'éducation et la réponse a toujours été la sourde oreille ou bien par faute de moyens humains et logistiques. Il est vrai le nombre d'établissements et d'encadreurs est insuffisant à contenir des classes de 25 élèves et que la double vacation ne peut réussir en Algérie. Alors vous me direz quelle solution à cette crise et comment y remédier. Je vous répondrai que peut-être est venue l'année où l'on peut faire d'une pierre deux coups. Cela demandera un courage et une décision politique historique. J'avais, dans une de mes contributions, fait une réflexion sur l'éducation qui, aujourd'hui, est plus à jour que jamais. Nous aurons, après le mois d'octobre, pour tous les élèves algériens presque deux trimestres de retard. Le seul plan anti-retard pédagogique applicable cette année et qui ne demande pas de grands moyens est de ramener le cycle secondaire à quatre années. Cela permettra aux élèves de terminer leurs programmes sans précipitation. Les programmes scolaires du secondaire qui se faisaient en trois années se feront répartis sur les quatre années. Les élèves admis en seconde et qui n'ont pas fait une partie du programme en quatrième année moyenne le feront en première année de lycée, ceux de troisième année moyenne le termineront en quatrième année moyenne, etc. Donc revenir à un cycle de quatre ans dans le secondaire réglera définitivement les problèmes des programmes qui seront allégés à tous les niveaux. L'autre problème qui pourra être régler dès cette année est celui de la lourdeur et de la réforme du baccalauréat.Tout le monde s'était mis d'accord que cinq jours d'examen du baccalauréat est une durée longue, et qu'il faut la ramener à trois. L'heure de vérité Donc, cette année, si le cycle secondaire est ramené à quatre années, les élèves de troisième année secondaire pourront passer la première partie du baccalauréat dans certaines matières. Nous n'avons pas le droit de sacrifier 10 millions d'élèves algériens qui ont vécu la pandémie et qui ont un retard dans leur cursus scolaire de près de 6 mois. L'heure de la vérité, du sacrifice et de la responsabilité de tous les citoyens est engagée, nous sommes dans l'obligation de sauver ce qui peut être sauvé ou du moins limiter au maximum les dégâts dans l'éducation. Le temps du beau discours ou du populisme sur les plateaux de télévision est révolu et terminé. Aujourd'hui, nous sommes placés devant un mur qu'on doit franchir, il suffit de prendre avec courage la bonne décision. Nous sommes obligés de reprendre le chemin de l'école un jour ou l'autre, mais le plus tôt sera le mieux. Nous devons mettre à la disposition des enseignants les outils et ressources afin de conforter les apprentissages de l'année précédente des élèves et d'aborder les nouvelles notions ainsi que des outils de positionnement permettant d'observer les acquis des élèves. Pour la reprise, la responsabilité est commune pour faire front à la pandémie qu'on doit apprendre à vivre avec elle simplement et sans panique. Afin de protéger les élèves et les personnels, dans le contexte Covid-19, cette rentrée doit se faire dans le respect des règles sanitaires. Ces règles permettent d'accueillir tous les élèves. Elles peuvent être adaptées par les autorités sanitaires en fonction de l'augmentation de la circulation du virus sur les territoires et dans chaque classe ou établissement. Le rôle essentiel des parents d'élèves Ils doivent s'engager à ne pas mettre leurs enfants à l'école, au collège ou au lycée en cas de fièvre (38 °C ou plus) ou en cas d'apparition de symptômes évoquant la Covid-19 chez l'élève ou dans sa famille. Les personnels doivent s'appliquer les mêmes règles. Les accompagnateurs ainsi que les intervenants extérieurs peuvent entrer dans les bâtiments scolaires après nettoyage et désinfection des mains. Ils doivent porter un masque de protection. Si toutes les règles préventives sont appliquées, nous pouvons reprendre le chemin de l'école sans risques. Pour cela, des lois sévères doivent être élaborées à l'intérieur comme aux alentours des établissements pour respecter les consignes de la discipline sanitaire en milieu scolaire. On ne joue pas avec social contre la santé des élèves et des encadreurs. L'objectif est de "recevoir tous les élèves dans des conditions normales", c'est-à-dire en respectant les gestes barrières et mesures d'hygiène désormais connus de tous (port du masque, lavages des mains et des surfaces, gel hydroalcoolique...). Sur ce côté, après huit mois vécus avec la pandémie, tout le monde connaît ces gestes, mais notre inconscience du danger nous pousse à les ignorer. Seules des sanctions sévères allant jusqu'à l'expulsion lorsqu'il y a récidive, peuvent faire respecter la discipline sanitaire en milieu scolaire. Donc, aujourd'hui, le sauvetage de l'éducation en temps de Covid-19 peut se faire plus facilement, car le retard doit être rattrapé ainsi que le protocole sanitaire. Nous n'avons pas eu le courage d'annoncer une année blanche 2019-2020, mais cette fois-ci nous ne devons pas prendre les mêmes décisions et sacrifier 10 millions d'élèves ayant un retard de scolarité de presque deux trimestres. L'heure de vérité a sonné, pour combler le retard opéré cette année, il est temps de passer à l'enseignement du secondaire en quatre années. (voir ma réflexion sur l'éducation). Les élèves de l'année scolaire 2020-2021 ne seront pas jamais prêts pour le baccalauréat 2021. On peut cette année faire d'une pierre deux coups : l 1-Respecter le protocole sanitaire l 2-Reformer le baccalauréat. l 3-Rattraper le retard dans les programmes l 4-L'année 2021 sera consacrée à la première partie du baccalauréat. l 5-L'année 2022 sera consacrée au baccalauréat en 3 jours maximum. l 6-La première année secondaire sera un tronc commun et l'année d'orientation. l 7-La deuxième année secondaire sera l'année de spécialisation. Les détails de cette refonte peuvent être consultés dans l'une de mes contributions sur la réflexion sur l'éducation du préscolaire à la classe de terminal. Arrêtons de nous mentir et de proposer des cours en ligne ou à la double vacation ou à des classes de moins de 25 élèves. Regardons notre réalité et décidons, la pandémie ne disparaîtra pas du jour au lendemain : vivons avec elle, protégeons-nous au maximum et faisons une reprise scolaire avec nos propres moyens. L'importation des méthodes de reprise dans les autres pays ne peuvent réussir chez nous, car leurs moyens et mentalités diffèrent des nôtres.