L'interrogatoire de l'ex-président sierra-léonais Ernest Bai Koroma par une Commission anti-corruption prévu lundi a été reportée à jeudi à la demande de ses avocats et pourrait être déplacé en dehors de la capitale Freetown pour des raisons de sécurité, a indiqué le porte-parole de cette institution. Plusieurs anciens responsables de l'administration Koroma, au pouvoir de 2007 à 2018, ont déjà été arrêtés dans le cadre de la lutte contre la corruption et le gaspillage des fonds publics engagée par son successeur Julius Maada Bio, qui a promis de récupérer des dizaines de millions de dollars volatilisés. L'ex-chef de l'Etat, qui a l'interdiction de quitter le territoire de cette ancienne colonie britannique d'Afrique de l'Ouest, a été lui-même convoqué par les enquêteurs, qui souhaitaient l'entendre ce lundi. Mais "la Commission anti-corruption a reçu une lettre des avocats de M. Koroma demandant le report de sa comparution au 8 octobre, afin de leur laisser le temps de discuter avec leur client", a indiqué le porte-parole de cette instance indépendante, Patrick Sandy, selon qui ce report a été accepté. Les services de sécurité s'inquiètent, par ailleurs, des violences qui pourraient éclater si M. Koroma est interrogé à Freetown, où des partisans de l'ex-président entendaient manifester leur soutien lors de sa comparution. "Nous négocions avec ses avocats et avec les services de sécurité pour qu'il soit entendu dans notre bureau régional de Makeni (Centre)", ville d'origine de M. Koroma, a dit M. Sandy. L'ancien président a qualifié la semaine dernière de "chasse aux sorcières ridicule" sa mise en cause, sans indiquer s'il comptait répondre favorablement ou non à la convocation des enquêteurs. Une commission d'enquête a conclu en mars que des millions de dollars restaient introuvables après avoir épluché les comptes, datant des années de pouvoir de M. Koroma, de ministères et d'entreprises publiques. Tout comme lui, quelque 130 personnalités liées à son régime sont interdites de sortie du territoire. L'économie de la Sierra Leone (7,5 millions d'habitants), gangrenée par la corruption, a été dévastée par une guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120 000 morts. Elle reste fragile après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016, la chute des cours mondiaux des matières premières et l'apparition cette année du nouveau coronavirus.