Les électeurs de SierraLéone sont appelés samedi aux urnes pour des élections générales jugées cruciales pour la consolidation de la démocratie dans ce pays sorti, il y a dix ans, de l'une des plus sanglantes guerres civiles de l'histoire récente de l'Afrique. Le gouvernement sierra-léonais organise cette fois-ci ces scrutins (présidentielle, législatives, municipales et régionales) ) sans l'ONU, laquelle est présente dans le pays depuis 1999. A la présidentielle, huit partis présentent des candidats, dont les deux principaux sont le chef de l'Etat sortant, Ernest Koroma, du Congrès de tout le peuple (APC), donné favori, et l'ex-chef d'une junte militaire qui a dirigé le pays en 1996, Julius Maada Bio, du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP). Au pouvoir depuis 2007, le président Koroma (59 ans) est candidat pour un second et dernier mandat, comme le prévoit la constitution. Pendant son mandat, il a réussi à attirer de nombreux investissements étrangers pour reconstruire les infrastructures de base - dont les routes et les réseaux électriques - détruites par l'une des plus sanglantes guerres civiles de l'histoire récente de l'Afrique qui a fait quelque 120.000 morts. Malgré des progrès, la majorité des quelque 6 millions de Sierra Léonais continuent à vivre dans la pauvreté, en dépit d'immenses richesses minières (diamants, bauxite, or). L'espérance de vie n'est que de 47 ans. S'il a renforcé les services de lutte contre la corruption, Ernest Koroma n'a pas pour autant réussi à y mettre un terme. Son principal adversaire, Julius Maada Bio, qui a dirigé la Sierra Léone au début des années 1990, a réussi à se rallier le soutien d'un grand nombre de jeunes sierra léonais frappés par un chômage massif (environ 60%), et pourrait contraindre le président Koroma à un second tour, selon les observateurs. Aujourd'hui candidat du principal parti d'opposition, le Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), Julius Maada Bio faisait partie en 1992 d'un groupe de jeunes soldats qui ont renversé le régime de Joseph Momoh. Le président Momoh a été accusé d'avoir créé les conditions ayant plongé le pays dans la guerre civile qui a débuté en 1991 et s'est achevée en 2002. Elle avait fait faisant quelque 120.000 morts. Julius Maada Bio (48 ans) estime, par ailleurs, que son adversaire a "échoué dans la lutte anti-corruption" et que lui "agira". Sur le plan économique, la Sierra Leone reste l'un des pays les plus pauvres au monde après la guerre civile qui a dévasté les cultures (riz, cacao, café) et détruit une grande partie des infrastructures économiques. Mais ses ressources en diamant, en or, bauxite, ou encore en magnétite ont attiré des investissements très importants. Des gisements de pétrole ont été découverts au large des côtes. En juillet dernier, le gouvernement a déclaré avoir accordé des permis de prospection du pétrole offshore à titre provisoire à neuf compagnies. Le pays s'est aussi ouvert à des investissements étrangers dans l'agriculture. Le taux de chômage chez les jeunes, majoritaires au sein d'une population de près 6 millions de personnes, varie de 60% à 65%. Sur le plan social, le gouvernement Koroma a mis en place un système de soins gratuits pour les jeunes mères et les enfants, mais le taux de mortalité maternelle et infantile reste l'un des plus élevés au monde et l'espérance de vie est de seulement 47 ans.