Après dix jours de combats, les bombardements ont momentanément cessé sur la capitale du Nagorny Karabakh. Mais ni l'Arménie ni l'Azerbaïdjan n'ont l'intention d'observer un cessez-le-feu auquel ont appelé plusieurs pays et l'ONU. Arméniens et Azerbaïdjanais ont poursuivi hier les combats, malgré la trêve de bombardements observée hier matin dans la capitale de la région séparatiste du Nagorny Karabakh, tandis que sur le plan diplomatique les tractations et les appels à un cessez-le-feu immédiat n'ont aucun effet sur Bakou et Ervan, déterminés à continuer sur la voie de l'escalade. Les deux côtés se sont accusés ces deux derniers jours d'avoir multiplié à dessein les bombardements sur les zones urbaines habitées, notamment la capitale des indépendantistes, Stepanakert, et la deuxième ville d'Azerbaïdjan, Gandja. Aucun bilan précis n'est disponible, chaque partie avançant ses propres chiffres et réclamant victoire. Malgré l'appel commun lundi soir de la France, de la Russie et des Etats-Unis à un arrêt des combats, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a juré de reprendre le Karabakh, majoritairement habité par des Arméniens et qui a fait scission au début des années 1990, après la chute de l'ancien empire soviétique, provoquant une guerre ayant fait plus de 30 000 morts. Ervan et Bakou ont jusqu'ici fait fi des appels à un cessez-le-feu de l'essentiel de la communauté internationale, notamment celui de la Russie, la puissance régionale qui, depuis près de 30 ans, dirige aussi avec la France et les Etats-Unis les efforts de médiation sur le Nagorny Karabakh. La France, la Russie et les Etats-Unis ont qualifié dans un communiqué commun le conflit de "menace inacceptable pour la stabilité de la région", dénonçant le caractère "disproportionné" des attaques des deux camps visant "des installations civiles". Pour sa part, l'ONG Amnesty International a dénoncé l'usage des bombes à sous-munitions dans les bombardements ayant visé la capitale du Nagorny Karabakh, Stepanakert, pourtant interdites par les conventions internationales de 2010. Les experts de l'ONG "ont pu localiser les zones résidentielles de Stepanakert où ont été tournées ces images et identifié des bombes à sous-munitions M095 DPICM de fabrication israélienne, qui semblent avoir été tirées par les forces azéries", selon le communiqué. Israël est un des grands fournisseurs d'armes à l'Azerbaïdjan. Ce dernier a le soutien sans équivoque de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, qui appelle à la reconquête militaire du territoire séparatiste. La Turquie est d'ailleurs accusée d'acheminer des mercenaires syriens pour appuyer l'Azerbaïdjan, selon plusieurs sources, mais Ankara nie en bloc ce qu'elle qualifie d'"allégations mensongères". Cela a poussé le Canada à suspendre ses ventes d'armes à la Turquie, en attendant une enquête sur leur éventuel usage dans ce conflit. Selon les médias canadiens, Ottawa a délivré en mai des permis à la société canadienne L3Harris Wescam pour exporter des systèmes d'imagerie et de ciblage à un fabricant de drones turc. Ce même matériel est maintenant au centre d'accusations selon lesquelles l'Azerbaïdjan utilise des drones fabriqués par la société turque Baykar dans les hostilités en cours depuis plus d'une semaine au Nagorny Karabakh. L. M./Agences