Bakou (capitale de l'Azerbaïdjan) et Erevan (capitale de l'Arménie) iront-elles jusqu'à commettre l'irréparable ? Le syndrome de la guerre de 1994 qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés, principalement azerbaïdjanais, plane sur le Nagorny-Karabakh passé sous le contrôle de forces séparatistes proches d'Erevan et désormais peuplée majoritairement d'Arméniens. Le retour à la « guerre », évoqué en décembre 2015 par l'Arménie, traduit une escalade des tensions rendue plus accrue ces derniers mois. Au 3e jour de la reprise des hostilités, malgré la trêve unilatérale décrétée par Bakou, les affrontements se poursuivent toujours entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie qui se sont mutuellement accusés de continuer les tirs dans la région séparatiste du Nagorny. Tout en qualifiant l'offre de cessez-le-feu de « piège », le porte-parole du ministère de la Défense arménien a dénoncé la poursuite des bombardements du Karabakh et des villages par l'armée azerbaïdjanais accusant à leur tour la partie adverse de mener sans interruption les combats dans la ligne de front. « Si les provocations arméniennes se poursuivent, nous lancerons une opération d'ampleur tout le long de la ligne de front et nous utiliserons toutes nos armes », a dit aux journalistes le porte-parole azerbaïdjanais du ministère de la Défense, Vagif Dargahly. « D'intenses combats se prolongent dans les secteurs sud-est et nord-est de la ligne de front », a assuré, quant à lui, David Babayan, le porte-parole du Karabakh. Soutenues par l'Arménie, les autorités du Nagorny-Karabakh ont déclaré être « prêtes à discuter d'une proposition de trêve » à condition de récupérer les positions et territoires perdus au cours des affrontements déclenchés vendredi et samedi. Ce que refuse l'Azerbaïdjan déclarant vouloir « renforcer » ces positions stratégiques « libérées » que la communauté internationale reconnaît comme lui appartenant. Le bilan est lourd : 35 soldats dans les deux camps et 2 civils tués. Pour tenter de désamorcer la crise, la communauté internationale a lancé un appel au « cessez-le-feu immédiat » réclamé par le président russe Vladimir Poutine, et le retour à la table des négociations exigées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry. En visite à Washington, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a revendiqué le retrait « immédiatement et sans conditions » de l'Arménie de ses troupes du territoire contesté du Nagorny-Karabakh dont les autorités se sont déclarées « prêtes à discuter d'une proposition de trêve » à condition de récupérer les positions et territoires perdus. Sur fond de rivalités régionales, le bras de fer se traduit par le soutien sans équivoque du président turc, Recep Tayyip Erdogan, assurant dimanche dernier soutenir « jusqu'au bout » l'Azerbaïdjan dans sa guerre contre l'Arménie, appuyée par la Russie et déterminée à faire face à toute offensive. Dans cette zone hautement stratégique du Caucase du Sud, limitrophe de l'Iran, la Russie et la Turquie, les perspectives s'annoncent inquiétantes.