Lors de la marche commémorative du 5 Octobre 88, les manifestants ont repris les slogans phare du Hirak. C'est une nuit de plus pour les personnes interpellées lundi lors de la marche qui a eu lieu à Alger. Elles seront gardées dans les cellules de plusieurs commissariats de la wilaya d'Alger tant leur nombre est important sans que personne, pas même les avocats, soit en mesure de se prononcer sur leur nombre de manière précise. "Nous en avons compté 43 lors de leur passage aujourd'hui au tribunal de Sidi M'hamed dont 6 femmes, mais nous croyons savoir qu'il y en a beaucoup plus. Nous en saurons davantage demain lors de la présentation si elle a bien lieu", nous a déclaré Me Hafid Tamert, membre du collectif des avocats pour la défense des détenus d'opinion. "La garde à vue prolongée est ainsi une procédure normale et pourrait durer 48h", nous a-t-il expliqué sans être vraiment convaincu que cette garde à vue nécessitait autant de temps. "La loi est la loi, pour cela, nous n'avons rien à dire, mais nous verrons par la suite", dira-t-il, allusion faite à ce que pourraient être les chefs d'inculpation. L'identité des personnes arrêtées restent inconnues, mais l'on peut citer Nawel Laïb et Chahrazed Boumzar, les étudiants Walid Abdelmoumen, Nazim Zaïdi, Abdeldjaber Banouna..., des activistes tels que Sofiane Bakri, l'auteur du fameux "Yatnahaw gaâ" et... un journaliste, Mohamed Lamine Maghnine, fondateur du site électronique Tarik-News, interpellé alors qu'il couvrait l'événement, et Hacène Mebtouche. Le journaliste Maghnine et Sofiane Bakri ont été relâchés le soir même de leur interpellation. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a, de son côté, fait part de la libération, le soir même de son interpellation, du jeune Hafid Mokrabe, âgé de 17 ans. En revanche, tous devront se présenter aujourd'hui devant le procureur de la République. Connue pour son engagement et son soutien aux détenus d'opinion, Me Fetta Sadat, avocate et députée RCD, déplore que "de tels agissements perdurent". Elle qualifie ces arrestations d'"arbitraires". Elle soutient qu'"il serait grave que les Algériens ne puissent même plus avoir le droit de manifester ou d'exprimer librement leurs opinions". Elle poursuit : "Il est scandaleux d'arrêter ainsi les gens et surtout les femmes et de les garder aussi longtemps dans les cellules des commissariats." Plus que des interpellations, c'est carrément une chasse à l'homme qu'ont opérée lundi les services de police. Ils ont procédé à de nombreuses arrestations de citoyens, dont des étudiants, des militants et des activistes qui ont marché à Alger. Ils étaient là pour commémorer le 32e anniversaire d'Octobre 88, une date anniversaire historique chargée d'une symbolique pour bien des générations encore.