Des détenus d'opinion incarcérés à la maison d'arrêt d'El Harrach (Alger) ont décidé d'entamer une grève de la faim à compter d'hier, vendredi, apprend-on auprès de leur avocat, Me Abdelghani Badi. «Il y a environ dix détenus, la plupart arrêtés durant la 30e marche du vendredi. Certains ont confirmé que d'autres détenus vont les rejoindre… Par leur action, les détenus comptent dénoncer l'injustice et les atteintes à leur liberté. Ils disent qu'ils n'ont fait que participer au hirak, comme tous les autres citoyens algériens», signale à El Watan Me Badi, leur avocat. Ce dernier précise que les détenus, parmi lesquels des jeunes et des personnes plus âgées, ont une appartenance politique : ils sont du RCD, de l'ex-FIS, du RCD, du Raj et du mouvement Rachad. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) considère que cette «décision extrême» a été prise au lendemain de la confirmation des mandats de dépôt, par la chambre d'accusation près la cour d'Alger, contre les détenus incarcérés par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed. «Malheureusement, la décision de cette grève de la faim a été confirmée par les avocats de la défense, qui ont rendu visite aujourd'hui (la semaine dernière, ndlr) aux détenus d'El Harrach. Le devoir nous interpelle et nous sommes plus que jamais appelés à nous mobiliser et à nous unir pour exiger la libération immédiate de tous les détenus d'opinion et politiques», estime le CNLD. Marche à l'appel du CNLD La chambre d'accusation près la cour d'Alger a confirmé les mandats de dépôt ordonnés le 15 septembre 2019 par le juge d'instruction près le tribunal de sidi M'hamed à l'encontre de 24 manifestants. Le mandat de dépôt ordonné à l'encontre de Ziane Billel, atteint d'un cancer, a été commué en contrôle judiciaire avec toutes les restrictions afférentes, poste sur sa page Facebook la députée du RCD et avocate, Fetta Sadat. Pour elle, «les arrestations massives visant des manifestants et citoyens sont dénuées de tout fondement légal». «Le recours à la procédure de l'instruction est inusité. Il s'agit de cas relevant du flagrant délit. Visiblement, le but est de prolonger une détention que rien ne justifie. Une véritable prise d'otage qui ne dit pas son nom, le recours à la détention provisoire est abusif. C'est un déni de la Loi fondamentale du pays et de l'ensemble des lois de la République et des conventions internationales dûment ratifiées», souligne-t-elle. La députée précise que les faits reprochés à des citoyens qui ont juste exercé leur droit à manifester, à se réunir, à circuler, à s'exprimer et à résister à l'oppression sont «inconsistants et relèvent même de la pure imagination». «Contrairement à ce que l'on s'évertue à nous faire admettre, œuvrer pour un avenir meilleur de l'Algérie, pour un Etat de droit, la justice, la démocratie et que la parole soit rendue au peuple ne peut que consolider l'intégrité du territoire national et préserver l'intérêt national. L'actuelle dérive est d'assimiler l'exercice de la citoyenneté et l'exercice des droits fondamentaux et des libertés individuelles et collectives à une atteinte à l'unité nationale», tranche Fetta Sadat. Le CNLD a lancé un appel à toute la société civile pour rejoindre la marche pacifique aujourd'hui à Alger, coïncidant avec le 31e anniversaire des événements du 5 Octobre, autour de la même cause : la libération de tous les détenus.