L'effondrement de l'activité économique devrait s'aggraver cette année, alors que le taux de chômage connaîtrait une nette hausse en 2020-2021, tout comme le déficit du compte courant qui s'établirait à 16,6% du PIB en 2021. Les clignotants sont au rouge pour l'économie algérienne. L'année s'annonce morose au plan de la croissance compte tenu de l'effondrement de l'activité économique dès le début de cette année sous l'effet combiné coronavirus-rechute des prix du pétrole. Avec le choc pandémique qui était venu se greffer au ralentissement économique de 2019 et l'impact de la rechute des cours du brut sur l'économie, le moteur de croissance a pris un sérieux coup et devrait subir un important trou d'air cette année. Le Fonds monétaire international (FMI) a levé le voile, hier, sur une correction à la baisse de ses prévisions de croissance de l'économie algérienne avec, au tableau, une baisse de -5,5% cette année, contre -5,2% anticipée en juin. Les économistes de cette institution multilatérale s'attendent, néanmoins, à ce que la reprise soit au rendez-vous dès 2021 avec une croissance positive de 3,2%. S'il est encore tôt pour établir des projections solides sur la croissance dans les mois à venir, l'espoir de reprise reste fragile et tributaire de plusieurs facteurs, dont la remontée des cours du brut, la hausse des disponibilités financières et un soutien franc et massif à l'économie. Or, force est de constater que les dépenses prévues au titre du prochain exercice évoluent dans les mêmes proportions que celles prévues pour cette année, lesquelles étaient en baisse de 8,6% par rapport à 2019, à raison de -1,2% pour le budget de fonctionnement et de -20,1% pour les dépenses d'équipement. La baisse des dépenses d'équipement sur fond de recul de l'activité économique, conjuguée aux décisions prises par les autorités pour endiguer la diffusion de la Covid-19, a aggravé le ralentissement de l'activité économique qui, pour rappel, avait progressé en zone négative (-3,9%) au premier trimestre de l'année. Le FMI prévoit que la récession sera plus sévère qu'anticipée en juin (-5,2%) avec, comme conséquence directe, une hausse du taux de chômage sur les deux années 2020-2021. Le taux de chômage devrait atteindre 14,1% cette année et 14,3% l'année prochaine. Le rebond de la croissance prévu pour l'année prochaine ne devrait pas s'accompagner de nouvelles créations d'emploi, selon les projections du FMI. Ce rebond ne pourra pas non plus résorber les déficits qui s'annoncent importants en 2020 et 2021. L'institution basée à Washington alerte sur la détérioration des comptes extérieurs de l'Algérie avec une perspective d'un déficit de 10,8% du PIB du compte courant en 2020. Ce déficit devrait se creuser l'an prochain s'établissant à 16,6% du PIB en 2021. Bien évidemment, la hausse du déficit du compte courant et, plus globalement, celui de la balance des paiements devrait se traduire par une érosion des réserves de change de l'Algérie sur la période 2020-2021. Dans ses projections d'avril, la Banque mondiale avertissait que "sans l'adoption de nouvelles mesures, les réserves seraient ramenées à 24,2 milliards de dollars, soit environ 6,1 mois d'importations à fin 2020". Par ailleurs, son institution jumelle, le FMI en l'occurrence, prévoit dans ses projections rendues publiques, hier, que le taux d'inflation s'établirait à 3,5% cette année et à 3,8% l'an prochain.