C'est “L'Enfer”, le deuxième long métrage du réalisateur belge d'origine bosniaque qui a ouvert, ce vendredi, la course pour les Bayards, la plus haute distinction du Festival international du film francophone de Namur, qui souffle cette année sa 20e bougie. Pour marquer le point et faire de ce 20e anniversaire une réussite et inscrire le festival dans une dimension internationale au sens propre du terme, il faut reconnaître que les organisateurs du Fiff n'ont ménagé aucun effort. Plus de 200 films programmés, toutes disciplines cinématographiques confondues, ainsi que plusieurs manifestations culturelles et artistiques dont des concerts de musique, colloques, ateliers d'auteurs ainsi qu'une exposition consacrée au cinéma du Sud, qu'abritera le hall du théâtre royal de Namur sous l'intitulé “Voyage en cinéma du Sud”. Lauréat du prix du scénario au Festival de Cannes 2001 et l'oscar du meilleur film étranger en 2002, pour son film No Man's Land, Danis Tanovic revient cette année pour signer une belle tranche de vie intitulée L'Enfer. Destins croisés de trois sœurs prisonnières de leur passé, le film se déroule dans Paris des années 1980 et a pour toile de fond l'histoire de trois sœurs : Sophie, Céline et Anne. Chacune de son côté, et n'ayant plus de contact entre elles, mène une vie perturbée à cause d'un drame vécu durant l'enfance. Le secret qui empoisonne la vie des trois sœurs, aujourd'hui adultes, n'est autre que le suicide du père. Libéré de prison et rejeté par sa femme, le père des trois filles se jette par la fenêtre après avoir battu sauvagement cette dernière. Sophie, Caline et Anne sont là et assistent au drame qui va les tarabuster même adultes. Elles traînent avec elles une grande douleur, qui va se répercuter sur leur vie de femme. Le couple de Sophie, l'aînée des trois sœurs, bat de l'aile. Mariée à Pierre, photographe de son état, et mère de deux enfants, elle a du mal à retrouver la stabilité dans son couple. Céline, pour sa part, s'occupe toute seule de sa mère patiente, placée dans une maison de retraite. Alors que la dernière, Anne, étudiante en architecture, entretient une relation avec un de ses professeurs. La vie perturbée des sœurs ne connaîtra de stabilité que lorsque Sébastien, un ami de Céline, fait irruption dans leur vie pour leur faire des révélations qui vont perturber leur existence. Un secret qui va rapprocher les trois sœurs et leur permettre de mieux vivre le présent et surtout surmonter le passé. Superbement interprété par le trio Emmanuelle Béart, Marie Gilian et Carole Bouquet, L'Enfer propose une mise en scène très réaliste. Projeté au théâtre Royal de Namur, en présence de plusieurs invités de marque, dont la discrète Sandrine Bonnaire, invitée d'honneur du festival et qui vient présenter ses coups de cœur au public Namurois, le 2e long métrage de Tanovic a été longuement applaudi. La deuxième journée du festival a été marquée par l'entrée en compétition, dans la catégorie documentaire, du réalisateur algérien Nassim Amaouche qui a présenté Quelques miettes pour les oiseaux en attendant, aujourd'hui, la projection presse du film Douar de Femme de Mohamed Chouikh, qui revient à Namur après sept années d'absence. À rappeler que Chouikh avait présenté au même festival deux de ses films, Youcef ou la légende du 7e dormant, en 1993, et L'Arche du désert en 1998. W. L.