Le premier des trois procès intentés contre Abdelkader Zoukh a été reporté, hier, par le président de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Tipasa, à l'audience du 3 novembre, sur requête des avocats. La demande du collectif de défense a été motivée par un besoin de plus de temps pour mieux préparer les plaidoiries. L'ancien wali d'Alger devait être jugé hier pour ses accointances présumées avec la famille de l'ancien directeur général de la Sûreté nationale Abdelghani Hamel. Il est accusé, dans cette première affaire, de "dilapidation délibérée de deniers publics en vue d'attribuer des indus avantages à un tiers" ; d'"abus de fonction" et de "violation de le réglementation", sur la foi des articles 29, 33 et 48 de la loi 06-01 portant prévention et lutte contre la corruption. Il lui est notamment reproché d'avoir usé de son influence pour faciliter aux membres de la famille Hamel l'acquisition de biens immobiliers dans la capitale, sans y être éligibles. Grâce à ses interférences, Chahinez Hamel, fille de l'ancien DGSN, s'est approprié, en avril 2014, une assiette foncière d'une superficie de 7 128 m2 à la zone d'activités de Bab Ezzouar, ainsi qu'un logement socio-promotionnel (LSP) à Ouled Fayet. Dans l'absolu, la jeune femme, trentenaire, ne pouvait pas être à la fois assez nantie pour obtenir un terrain sur lequel elle projetait d'ériger une tour d'affaires et un hôtel, et pas assez riche pour accéder à un logement socio-promotionnel subventionné par l'Etat. Dans le même quartier sur les hauteurs d'Alger, l'épouse Hamel a accaparé neuf locaux commerciaux, tandis que son fils Chafik a bénéficié d'un logement social à Bab Ezzouar. Abdelkader Zoukh a été confronté aux témoignages à charge du chef technique auprès l'Agence foncière d'Alger et de l'ancien directeur général de l'OPGI d'Hussein-Dey. Ces derniers ont attesté que l'épouse et les enfants Hamel ont bénéficié indûment de propriétés immobilières, mais ne se sont pas acquittés, de surcroît, des apports personnels exigés réglementairement aux acquéreurs des biens immobiliers aidés par l'Etat. Il est dit que Chahinez Hamel n'a pas honoré non plus les frais d'un montant de 149 346 830,77 DA liés à l'aménagement de son terrain ni les loyers (créances cumulées de l'ordre de 26 259 552 DA) durant les années 2017, 2018 et 2019. L'ancien premier responsable de l'OPGI d'Hussein-Dey a soutenu, lors de ses auditions par les services de sécurité puis par les juges instructeurs, qu'Abdelkader Zoukh l'avait exhorté de ne pas engager des mesures judiciaires contre la fille d'Abdelghani Hamel pour non-paiement des charges et de ne pas prendre en compte, par là même, les mises en demeure qui lui ont été notifiées. Abdelkader Zoukh se présentera à nouveau devant le tribunal de Tipasa, le 27 octobre prochain, pour des faits de corruption consignés dans deux autres dossiers, impliquant les hommes d'affaires Ali Haddad et Mahieddine Tahkout. Les deux procès seront probablement reportés à une date ultérieure.