Mis à part l'appareil de prise de température et les bouteilles de gel hydroalcoolique fournis par la direction de l'éducation, l'école n'a rien reçu pour éviter la propagation du coronavirus. Le village Aboulil, situé à quelques encablures au sud du chef-lieu communal d'Ouled Rached (45 km au sud-est de Bouira), baignait encore sous un soleil radieux d'automne à notre arrivée, au milieu de la matinée de ce mercredi 21 octobre. Le premier de la rentrée scolaire après de longues vacances imposées par la crise sanitaire. Contrairement aux villes qui vivent l'évènement comme une kermesse, à Aboulil, bourgade éloignée, le retour des écoliers se fait en douce. L'école primaire Smaïl-Khirat accueille cette année 67 élèves. La surcharge des classes est une expression qui tombe en désuétude. Du coup, il n'y a aucune contrainte de séparer les classes en deux groupes pour assurer la distanciation physique. Les enseignants vont devoir poursuivre le cours normal de l'année scolaire tout en respectant les mesures de protection contre la pandémie. Il était 10h30, le calme y règne en maître. À l'extérieur comme à l'intérieur de l'établissement. Nous venons à peine de franchir la porte d'entrée, quand la directrice de l'école vint à notre rencontre. Le ton change dès que nous avons décliné notre identité. La responsable de l'établissement s'est refusée à toute déclaration en l'absence d'une autorisation émanant de la direction de l'éducation nationale. Le peu de temps que nous avons passé dans la cour était suffisant de constater le nouveau visage de l'établissement. Les murs sont repeints récemment. On aperçoit aussi le marquage sur le sol pour indiquer l'emplacement des élèves dans les rangs. C'est l'œuvre des parents d'élèves et des villageois, ainsi qu'une maigre contribution de l'APC. Comme c'était le cas dans plusieurs établissements scolaires du palier primaire de la wilaya, mis à part l'appareil de prise de température et les quelques bouteilles de gel hydroalcoolique fournis par la direction de l'éducation, l'école n'a rien reçu pour éviter la propagation du coronavirus. "Nous avons tout fait. Ce sont les villageois qui ont cotisé pour l'achat de la peinture pour redonner un visage à l'école. C'est un patrimoine commun pour les enfants de cette localité, nous devons la préserver", a déclaré un parent d'élève qui vient récupérer ses enfants en fin de matinée. Au moment du déjeuner, les écoliers passent à table à tour de rôle au niveau la cantine. Mesures sanitaires obligent. Lors de notre passage, deux jeunes étaient en train de réparer l'électricité de l'établissement. De temps en temps, ils s'introduisent dans les salles des cours. L'APC avait pourtant de longs mois devant elle pour intervenir et assurer que tout fonctionne dans cette petite école rurale avant que les élèves ne rejoignent les bancs. Le président de l'association des parents d'élèves qui est aussi l'imam du village a tenu à souligner que l'école ne manque de rien. "L'association des parents d'élèves a beaucoup contribué pour la réussite de l'opération de ravalement des murs de l'école. L'APC y a aussi participé. Les problèmes qui se posaient il y a quelques années ne le sont plus aujourd'hui. Les enseignantes qui habitent pourtant dans des communes comme Bechloul, Aghbalou, Haizer arrivent à l'heure. Aujourd'hui l'école ne manque pas d'enseignants", s'est félicité le président de l'association. Le transport demeure la hantise des villageois et en particulier des enseignants qui doivent arriver à l'heure. Pour se rendre à Aboulil, il faut compter sur les deux fourgonnettes qui assurent la navette depuis le chef-lieu communal ou sur l'auto-stop.