Quand il y a beaucoup de pluie, je ne vais pas à l'école parce que j'ai peur de tomber malade », témoigne Lamia, une élève en classe de deuxième année à l'école primaire de Taguemount n'Ath Argane, dans la commune d'Agouni Gueghrane (40 km au sud-est de Tizi Ouzou). Cette écolière de sept ans n'est pas la seule à s'absenter lorsque la nature se déchaîne dans ce village perché sur les hauteurs du Djurdjura, à plus de 1100 m d'altitude. La région est en proie au froid et au gel à partir d'octobre. Depuis début novembre, la température a fortement baissé. Une épaisse couche de neige couvre déjà la montagne, d'où viennent des vents glacials. Les prémices d'un hiver rigoureux sont là. Les écoliers de Tighouza, à Taguemount, et ceux de Tinswin étudient dans des conditions difficiles. Les classes sont dépourvues de chauffage faute de gasoil qui n'est toujours pas distribué par l'APC d'Agouni Gueghrane. Selon les responsables de l'école et certains parents d'élèves, la plupart des poêles à mazout sont vieux et tombent souvent en panne. « Lorsqu'il y a du vent, la fumée est refoulée à l'intérieur des classes, gênant les enfants, ce qui nous contraint à éteindre les chauffages », déclare un enseignant. « Nous avons demandé, à maintes reprises, aux autorités locales de nous acheter d'autres appareils de chauffage, en vain », ajoute-t-il. Sa collègue enchaîne : « Hier, les élèves en classe de première année n'arrêtaient pas de pleurer à cause du terrible froid. Le seul moyen que j'ai trouvé est de ramener une résistance électrique qui n'a pas résolu le problème. » L'état des salles de classe laisse aussi à désirer. Les eaux de pluie s'infiltrent à différents endroits. L'odeur de l'humidité se fait sentir dès qu'on accède à l'intérieur. Des traces sont visibles sur les murs qui nécessitent des travaux de réfection. Les vitres cassées n'ont pas été remplacées. « Les enfants ne peuvent pas étudier dans ces conditions », dénoncent les enseignants. Les portes ne sont malheureusement pas épargnées par la dégradation de la structure. Les cadres des fenêtres, conçus en bois, s'effritent et tombent en morceaux sous l'effet de l'humidité, remarque-t-on encore. Pour rappel, l'entretien et la prise en charge des écoles primaires sont du ressort des APC. Les logements de fonction des enseignants sont dans un état aussi délabré que celui des salles de classe. Les travaux d'étanchéité qu'ils ont subis ont été tous bâclés, s'insurgent les enseignants. Les parents d'élèves assurent, avec l'appui du comité du village, que « la direction de l'éducation et les autorités de wilaya sont interpellées au début de chaque année scolaire ». Malheureusement, « rien que des promesses qui ne sont jamais tenues », regrettent-ils. Les pannes d'électricité affectent, par ailleurs, le nouveau CEM d'Ath Argane qui a été équipé d'une chaudière utilisant l'énergie électrique. Lamia et ses camardes doivent encore attendre quelques jours pour voir leur ration de gasoil acheminée par les services de l'APC d'Agouni Gueghrane.