Les habitants du quartier Petit-Lac où sont entreposés des fûts de produits pesticides interpellent les autorités locales. Cinq conteneurs renfermant plus de 100 fûts de produits chimiques à haute teneur toxique sont “entreposés” au niveau du centre d'Asmidal du quartier populaire de Petit-Lac dans des conditions d'entreposage inadéquates et en totale contradiction avec les normes de stockage de ces produits. Pour attirer l'attention des hauts responsables sur l'état de dangerosité qu'ils vivent depuis plus d'une année, les habitants de haï Dhaya sont montés, hier, au créneau pour alerter les pouvoirs publics sur le spectre d'empoisonnement qui les guette à tout moment. En effet, des cris de détresse expriment réellement la colère et le désespoir de ces familles qui ne peuvent plus supporter les conditions de leur situation de plus en plus pénible. Toutes ces déclarations et bien d'autres sont restées lettre morte. Aujourd'hui, quand on leur parle de protection de l'environnement, les habitants de ce quartier d'Oran préfèrent regarder du côté du hangar d'Asmidal où sont stockés les fûts abîmés contenant des produits chimiques particulièrement nocifs. “Tous le monde sait qu'à Petit-Lac des centaines de familles sont menacées de maladies graves. Des enfants et des personnes âgées sont atteints de difficultés respiratoires dues essentiellement à l'émanation de ces produits chimiques dangereux et périmés”, nous indique-t-on. En avançant des griefs acerbes, les familles de Petit-Lac ont visiblement pris les devants pour dénoncer les répercussions d'une situation bloquée, qui se révèle être, aux dires mêmes des concernés, “une forme de hogra voulue par le laxisme des responsables locaux à tous les niveaux”. Pourtant, des responsables de la direction de l'environnement à Oran et les services de l'APC avaient, dans un premier temps, décidé de transférer les fûts abîmés vers une autre destination. Malgré la mise sur pied d'une commission pour la prise en charge de ce problème, aucune démarche n'a été envisagée pour l'évacuation ou la destruction de ces fûts toxiques. Pour le moment, aucune mesure n'a été décidée pour le stockage adéquat, c'est-à-dire la préservation (provisoire) de ces fûts dans une cuve de rétention appropriée pour éviter l'infiltration des produits chimiques dans le sol. Et c'est là que le bât blesse puisque des traces de toxicité de forte concentration de pesticides dans les alentours de la cité Petit-Lac ont été récemment décelées, une situation qui ajoute à l'inquiétude grandissante des habitants. “À chaque fois que des dispositions sont prises pour nous débarrasser de ces fûts toxiques, on nous sort des prétextes incroyables pour nous faire patienter encore plus”, déplorent des pères de famille au bord de la déprime. C'est précisément dans ce cycle fait d'incertitude et d'inquiétude que les familles résidant à proximité d'Asmidal tentent de survivre tout en prenant leur mal en patience. “La wilaya d'Oran est capable de prendre à bras-le-corps ce problème qui risque d'avoir des répercussions néfastes sur la santé des personnes et sur la détérioration du tissu environnemental à l'intérieur du tissu urbain”, explique un médecin résidant à proximité du centre Asmidal de Haï Dhaya. De l'avis de certains spécialistes, on estime qu'il est impératif de débloquer l'argent nécessaire pour l'acquisition du matériel anti-pollution constitué de masques, de tenues et de fûts hermétiques afin de diminuer les risques de pollution. Toutes ces mesures sont transitoires en attendant le déplacement puis la destruction de ces fûts toxiques vers une zone où les conditions d'entreposage sont réunies. La quasi-totalité des fûts sont fissurés et laissent échapper des quantités importantes de filets de pesticides qui s'infiltrent dangereusement dans le sol. Avec la saison des pluies, les habitants de la cité Petit-Lac redoutent la pollution des nappes phréatiques, car “les fûts, qui sont abimés, produisent des effets de toxicité immédiats au contact de l'eau”, nous explique un spécialiste de la pollution chimique. La sonnette d'alarme est à présent tirée. B. GHRISSI