Même si Sharon affirme qu'il ne s'agit pas d'une reconquête de la bande de Gaza, l'armée israélienne agit à sa guise dans une opération où aucun Palestinien n'est à l'abri des bombes et des balles. À la recherche du moindre prétexte pour tuer des Palestiniens, l'armée israélienne a trouvé l'excuse des roquettes tirées sur la localité de Sdérot, pour lancer samedi une série d'attaques contre les territoires palestiniens. Les soldats israéliens ont carte blanche dans leurs actions, comme l'a déclaré Ariel Sharon hier. Il n'y a “aucune limitation” dans cette opération, a-t-il affirmé à l'ouverture de la réunion hebdomadaire de son cabinet. “Nous n'avons pas l'intention de mener une opération ponctuelle”, a ajouté Sharon pour montrer que son armée ne quittera pas Gaza avant longtemps. Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a d'ailleurs ordonné à ses soldats de mener des opérations “dures” dans la bande de Gaza, en riposte aux tirs de roquettes sur Israël, “soulignant que la riposte d'Israël se devait être écrasante et sans équivoque”, selon un communiqué. Dans l'espoir de ne pas se mettre sur le dos la communauté internationale, il a chargé l'aviation de déverser, hier matin, sur le nord de la bande de Gaza, des tracts appelant la population à s'éloigner des zones à partir desquelles sont tirées des roquettes Qassam contre Israël. “Nos appareils ont lâché des tracts dimanche matin (hier, ndlr) sur le nord de la bande de Gaza avertissant la population locale de s'éloigner des secteurs à partir desquels sont tirés des roquettes Qassam contre Israël, afin de ne pas s'exposer à notre riposte”, a indiqué la porte-parole militaire. Pendant ce temps, les bombardements ont fait plus de vingt blessés parmi les Palestiniens, lorsqu'une école du Hamas a été touchée. Le bâtiment scolaire a subi d'importants dégâts, ainsi que plusieurs maisons alentour. L'armée israélienne a confirmé que cette attaque avait été lancée contre une école du Hamas, “parce qu'elle était utilisée pour faire passer de l'argent aux terroristes et à leurs familles”. Par ailleurs, les forces israéliennes ont procédé à l'arrestation de 207 Palestiniens, en majorité des islamistes, lors d'un coup de filet lancé dans la nuit en Cisjordanie. Une bonne douzaine de dirigeants politiques ou militaires du Hamas figurent parmi les personnes appréhendées, dont le cheikh Hassan Youssef, considéré comme un des principaux dirigeants du Hamas en Cisjordanie, selon une source militaire. Cette flambée de violence intervient à quelques jours d'une rencontre entre M. Abbas et le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, et 12 jours après la fin du retrait israélien de la bande de Gaza. Après une période de relative accalmie, et à l'entame de la sixième année d'Intifada avec une nouvelle escalade de violence dans la bande de Gaza à peine évacuée par Israël. Il a suffi d'un défilé militaire organisé vendredi par le mouvement islamiste Hamas et qui a mal tourné — l'explosion d'un véhicule causant la mort d'une vingtaine de personnes et une centaine de blessés — pour mettre à nouveau le feu aux poudres. Mahmoud Abbas rejette l'option Le leader palestinien Mahmoud Abbas a rejeté, hier, l'option d'un Etat palestinien “avec des frontières provisoires”, prévu dans la feuille de route, le dernier plan de paix international. “Nous rejetons l'option d'un Etat avec des frontières provisoires. Il s'agit d'une ornière. Elle est grave et ne résoudra pas le problème (israélo-palestinien). Et les frontières provisoires risquent de devenir des frontières définitives”, a-t-il dit à la presse à Ramallah. M. Abbas a, par ailleurs, qualifié de “très grave” les déclarations israéliennes selon lesquelles les lignes de démarcation à Gaza seront désormais considérées comme une frontière internationale. “Nous voulons examiner ce que signifie cette déclaration sur le plan du droit international”, a-t-il encore dit. Elaborée par le quartette international sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Nations unies, Union européenne, Russie), la feuille de route qui prévoit la création d'un Etat palestinien est restée lettre morte depuis son lancement à l'été 2003. Dans un communiqué publié, mardi passé, à New York, le quartette a appelé Israéliens et Palestiniens à intensifier leurs contacts pour tirer les bénéfices du retrait israélien de Gaza, le 12 septembre. Pour sa part, le Conseil de sécurité de l'Onu a appelé, vendredi dernier, les deux parties à prendre de nouvelles mesures pour remplir leurs obligations selon la feuille de route. K. ABDELKAMEL/Agences